Le projet de loi de finances 2015 porte notamment sur la nécessité de rationaliser les dépenses publiques et d'encourager l'investissement dans les secteurs de production hors hydrocarbures car les risques de chute du prix du pétrole ne sont pas à écarter. Mi-septembre dernier, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a évoqué les inquié-tudes du gouvernement concernant la baisse des prix du pétrole qui se poursuit depuis le début de l'année. Mais même si par la suite il a atténué ses propos, il n'a pas nié des fluctuations de prix attribuées aux mouvements des cours de monnaie et aux opérations boursières habituelles. Et c'est ce qui affecte l'économie de l'Algérie engrangent de la sorte moins de devises nécessaires pour financer le plan quinquennal 2015/2019 auquel l'Etat a alloué une enveloppe de 262 milliards de dollars, comme annoncé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, lors de la 17ème réunion gouvernement-Ugta-patronat. Cette inquiétude, vraie ou supposée du gouvernement, tient au fait que le Sahara Blend, le brut de référence algérien, a chuté de près de six dollars en août, soit 100,86 dollars contre 106,74 dollars en juillet. Le baril du pétrole est même descendu à 90 dollars. De quoi se poser des questions sur les sources de financement des projets inscrits dans le plan d'investissement, à commencer par ceux contenus dans le projet de loi de finances de 2015. Or, sans investissements, l'objectif de porter la croissance économique de l'Algérie à 7% serait hypothéqué ce que rejette Sellal. Ce dernier insistant sur le fait qu'il a élaboré le projet de loi de finances sur la base de prévisions solides. Tout le programme quinquennal aurait ainsi tenu compte des prévisions des prix du pétrole dans les cinq prochaines années. Le gouvernement n'a pas d'autre choix que de rejeter les thèses pessimistes car il a besoin d'un niveau de prix de pétrole élevé pour écarter les menaces qu'un scénario contraire ferait peser sur le maintien de la paix sociale rendu possible grâce à l'argent du pétrole. Le Premier ministre a relevé, à ce titre, que 30% du PIB de l'Algérie, soit environ 60 milliards de dollars, sont orientés annuellement aux transferts sociaux en plus des montants consentis par l'Etat au secteur économique au titre des subventions indirectes pour les prix de l'énergie et de l'eau. Cette politique est-elle tenable à long terme? Rien n'est mois sûr si l'on se réfère aux prévisions du FMI selon lesquelles un baril de pétrole à moins de 100 dollars constituerait un danger pour l'économie algérienne. Les recommandations du Fonds monétaire international incitent l'Algérie à limiter ces subventions aux seules couches défavorisées alors qu'actuellement, les subventions bénéficient même aux titulaires de revenus élevés. Aussi, pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, le gouvernement compte sur la création de l'emploi dans divers secteurs pour réduire le nombre des citoyens dépendant des subventions. Le gouvernement table aussi sur d'éventuels succès économiques pour des raisons politiques afin d'apporter de nouvelles sources de légitimation à son pouvoir et se montrer avec davantage d'arguments pour justifier son action dans un contexte où de nombreux opposants jettent l'anathème sur l'équipe dirigeante. «Nous ne nous dirigeons pas vers des horizons inconnus» a répondu Sellal à ceux qu'il qualifie de partisans de la critique destructive qui sèmeraient une ambiance de pessimisme sur l'avenir de l'Algérie en fustigeant toutes les actions économiques du gouvernement. Lorsqu'il s'agit d'attaquer le gouvernement sur les tendances de sa politique énergétique, les opposants, parmi les politiciens et les économistes, n'hésitent pas à viser son objectif portant sur l'exploitation du gaz de schiste censé remplacer dans quelques années les pertes de production et de revenus générés par les autres sources d'énergie. Or, le gouvernement y voit une opportunité pour clamer que sa politique économique est viable même à long terme et que la subvention de l'économie n'est pas en danger. Ainsi, ce sont toujours les sources d'énergie qui risquent de monopoliser les débats y compris sur la scène politique et ce pendant de nombreuses années encore.