Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été chassé du pouvoir par la rue le vendredi 31 octobre 2014, après 27 ans de règne. Il s'est réfugié en Côte d'Ivoire. La chute de M. Compaoré est aussi un énorme coup de semonce pour les Présidents africains qui seraient tentés, comme lui, de retoucher la Constitution pour rester indéfiniment dans leur palais. Au Togo, au Bénin et au Gabon, les populations réclament d'ailleurs le changement. Arrivé en 1987 au pouvoir par un putsch qui s'était soldé par la mort de Thomas Sankara, icône du panafricanisme, Blaise Compaoré, qui fut longtemps l'un des hommes forts de l'Afrique de l'Ouest, a dû tirer piteusement sa révérence. «Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (...), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition», a déclaré M. Compaoré dans un communiqué lu le jour de sa fuite par une journaliste à la télévision privée BF1. Cette transition devra «aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours», a-t-il ajouté. Cris, embrassades, éclats de rire : cette annonce a déclenché une explosion de joie à Ouagadougou. Dans les rues aux commerces fermés, certains ont entonné l'hymne national. «Nous avons accompli notre mission : le grand baobab est tombé, terrassé par la population», exultaient de jeunes opposants. C'est l'annonce d'un projet de révision constitutionnelle, qui a permis à M. Compaoré — élu pour deux septennats puis deux quinquennats — de se représenter à la présidentielle en 2015, qui a jeté dans les rues des centaines de milliers de personnes, refusant un «Président à vie». Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président : le Burkina s'était enflammé le jeudi 30 octobre 2014. Cette crise a provoqué l'intervention des militaires, puis celle du président Compaoré dans la nuit. M. Compaoré s'était ensuite exprimé sur une télévision privée dans la nuit, assurant avoir «compris» le message de la population. Les opposants se prenaient dès septembre à rêver d'un renversement du régime, longtemps considéré comme l'un des plus stables dans la région sahélienne, secouée par les menées de groupes terroristes liés à Al Qaîda. Le rêve a fini par devenir réalité.