Les habitants du village d'Izarnen menacent de battre le pavé et de fermer, les 30 et 31 décembre, la route menant vers l'Assekrem — l'un des plus importants sites touristiques en Algérie — si les autorités locales ne réagissent pas à leur cri de détresse. Les adeptes de ce lieu de villégiature le plus prisé en cette période de fin d'année risquent ainsi de passer le réveillon loin des plus beaux coucher et lever du soleil au monde. Dans une lettre de doléances adressée au chef de l'exécutif, Mahmoud Djemaâ, les villageois de cette localité, distante de 30 km du chef-lieu de la commune de Tamanrasset, ont égrené un chapelet noir sur les difficultés et les problèmes qui meublent leur piètre quotidien. Le bitumage de l'unique route menant vers cette bourgade déshéritée reste toutefois la première revendication formulée aux autorités au terme de cette correspondance adressée également à toutes les Assemblées élues sous le sceau de l'urgence. «Les habitants d'Izarnen, village constitué d'une entité de tribus tourguies, souffrent et continuent de souffrir le martyre à cause la dégradation de la route les reliant au chef-lieu de la commune. Beaucoup de malades, notamment les femmes enceintes et ceux dont l'état de santé s'est aggravé en l'absence d'une infrastructure sanitaire au village, ont rendu l'âme au cours de leur évacuation vers l'hôpital de Tamanrasset», s'indignent les rédacteurs de la missive, qui semblent déterminés à faire valoir leurs droits à une vie décente et stable. Brandissant des lettres envoyées vainement au premier responsable de la wilaya, le président de l'association du centre rural d'Izarnen est revenu sur le décès tragique des deux parturientes originaires des hameaux de Taghemout et Amanidane. «Après l'alerte, les ambulanciers ont mis plus d'une heure pour arriver. Ce qui a aggravé davantage la situation des deux femmes ayant fait les frais de l'enclavement et de l'ostracisme qui frappent cette localité dépourvue de toute condition et commodité de vie. Nous avons signalé ce problème aux autorités locales à maintes reprises. Cependant, on nous oppose toujours une fin de non-recevoir. Nous avons réclamé le bitumage de cette route de la mort en raison de son état défectueux. Toutefois, notre doléance a fini par atterrir dans la corbeille des responsables qui refusent toute opération liée au revêtement de cette route menant également à l'Assekrem dans le souci de sauvegarder l'état naturel des sites touristiques de l'Ahaggar. C'est inconcevable. On ne peut jamais accepter de faire du tourisme au prix de notre vie», déplore notre interlocuteur. Et d'ajouter : «Nos femmes décèdent en silence et le gouvernement en place ose parler, toute honte bue, des droits de l'homme ! C'est scandaleux. Ce que ces responsables doivent savoir, c'est que les habitants du Hoggar, 52 ans après l'indépendance du pays, sont toujours privés de leurs droits les plus légitimes. Il est temps de se raviser et d'implorer Dieu pour un demi-siècle de pardon, parce qu'à ce rythme, la situation risque de prendre des allures scandaleuses et gravissimes.» A la wilaya, on a appris qu'une étude portant revêtement de la route en question a été lancée par la direction des travaux publics. «Le SG de la wilaya, Aït Aïssa Hocine, qui a saisi tous les services concernés le 7 août dernier (correspondance n° 870) suit l'évolution de ce dossier de plus près», a- t- on affirmé.