Presque tous les domaines d'activité sont représentés au Salon de l'artisanat qui se tient au CCO jusqu'au 3 janvier prochain. Aux produits de maroquinerie, de tissage, de broderie, de verrerie, de cuivre, de joaillerie, de tapisserie, de poterie de céramique, de boiserie décorative, il faut ajouter certains mets du terroir et des produits agricoles comme le miel, l'huile d'olive et la datte. En tout, plus de 300 exposants de plusieurs wilayas et 45 représentants des Chambres d'artisanat et des métiers ou des associations activant dans le domaine du développement de l'artisanat participent à cet événement auquel prennent part également des personnes aux besoins spécifiques (sourds-muets ou aveugles). La doyenne des artisans présents au salon est sans conteste Mme Kheira Gharrous qui vient de Golea (wilaya de Tipaza). Agée aujourd'hui de 77 ans, elle expose plusieurs gammes des ses travaux confectionnés par le procédé dénommé localement «chbika» dont un napperon réalisé en 1949 alors qu'elle n'avait qu'une douzaine d'année. «J'ai quitté l'école très jeune et c'est d'abord ma grand-mère puis ma mère qui m'ont initiée au métier», déclare-t-elle en précisant qu'«à l'époque, les travaux réalisés n'étaient pas destinés à la vente mais juste pour satisfaire les besoins de la famille». Quand sa santé le lui permet, elle n'hésite pas à participer à de telles manifestations car, pour elle, la transmission des savoir-faire est essentielle. «Au lieu d'importer des effets qui sont tout aussi traditionnels d'Arabie Saoudite ou d'ailleurs, pourquoi ne pas encourager notre production et consommer localement selon nos propres valeurs?» s'est-elle interrogée, sans doute consciente des enjeux culturels que l'activité artisanale porte en soi. Dans beaucoup de cas, la relève est assurée comme avec cette jeune femme de Ghardaïa, diplômée dans un domaine technique mais qui a laissé tomber la profession à laquelle elle était destinée pour se consacrer au tissage des tapis ou d'autres produits qui font la renommée de sa région. «Ce métier me passionne et, pour moi, c'est juste un retour aux sources pour prendre en charge cet héritage ancestral transmis depuis des générations», indique Mounira également présidente d'une association qui emploie entre 30 et 60 personnes, en fonction du nombre de stagiaires qu'elle initie au métier. Son choix a été payant car elle a reçu plusieurs distinctions aux Etats-Unis, en Egypte mais surtout en Iran où les tapissiers font des merveilles. La boiserie décorative est la spécialité de Abdeslam Mohdeb de Béjaïa venu avec un procédé et des réalisations originales qui sortent vraiment de l'ordinaire autant dans les formes que dans le rendu visuel des couleurs. Participant venu de Constantine, Hachiche Hacene, ébéniste, pense lui aussi que, de manière générale et à cause du manque de sensibilisation, les gens ont tendance à suivre les goûts dominants au détriment de l'originalité. Dans la couture traditionnelle, Sabiha essaye de partir des modèles purement traditionnels pour proposer des améliorations en fonction des goûts du moment. C'est aussi le cas d'une artisane de Batna qui brode sur ses robes les motifs inspirés des bijoux qui maintiennent à l'origine les tenues ancestrales «chaouies». Toutes les régions d'Algérie sont représentées et dans chacun des stands, on retrouve forcément des spécificités qu'il est difficile d'énumérer dans leur intégralité mais le visiteur a l'embarras du choix.