Voilà un nom révélateur lié au resplendissement de la çanaâ algéroise qui a fait partie des prestigieux orchestres qui ont accompagné les monuments de la musique classique andalouse, à l'image de Dahmane Benachour, Abdelkrim DaliI, Sid Ahmed SerriI, Mohamed Kheznadji, Sadek Lebdjaoui et d'autres. Memed Benchaouche, aujourd'hui âgé de 84 ans, natif de La Casbah d'Alger, était un virtuose du violon aux côtés des célèbres Abderazak Fekhardji, Abdelkrim M'hamsadji, son fils Anis, Belkacem Si Saber, Zerrouk Mokdad, Mahmoud Messekdji, Khiereddine Bestandji, Hamidou Djaïdir, Mahmoud Boudena et Sid Ali Benmerabet, un adepte du r'bab et président d'El Mossilia. Doué, perfectionniste, avec une passion innée pour l'univers musical fabuleux de Zyriab, Si Memed nous a récemment révélé au cours d'un entretien à son domicile que l'instrument musical poétisé par la nouba a été une vocation naturelle dès la prime enfance, et ce, sa vie durant. Elève au conservatoire d'Alger depuis l'année 1947, il obtient le 1er prix de cet institution en 1954, il devint professeur émérite pour succéder au grand maître Abderrezak Fekhardji et assurera la formation de jeunes générations de musiciens devenus célèbres et reconnus pour leurs talents artistiques. Membre de l'orchestre de la Radio algérienne de 1952 à 1964, il sillonnera plusieurs capitales du monde : Paris, Rome, Moscou, Londres, Madrid, Berlin, Bruxelles, Tunis, Rabat jusqu'en Ukraine pour participer à des représentations de musique classique andalouse qui ont été d'éclatants succès appréciés du public de ces pays. Nous l'avions connu dès les premières lueurs de l'indépendance au cours des inoubliables soirées du 1er Ramadhan de la victoire et de l'espoir qui se déroulaient quotidiennement au cercle l'Association El Djezaïria El Mossilia durant tout le mois sacré, au grand bonheur des mélomanes férus de musique andalouse qui accouraient en nombre vers ce lieu devenu ainsi un pôle de rayonnement culturel. Les veillées se prolongeaient jusqu'à l'heure du s'hor dans une euphorique ambiance de fin de guerre sans couvre-feu colonialiste et de fête de l'Istiklal tant rêvée et attendue par des générations successives d'Algériens. C'est ainsi que l'itinéraire de ce riche parcours de Si Memed Benchaouche fera l'objet d'une rétrospective de ressourcement lors d'un hommage qui sera conjointement célébré en la circonstance par l'Association des Amis de la Rampe Louni Arezki-Casbah et l'Association culturelle andalouse Anadil El Djazaïr le samedi 3 janvier 2015, jour de fête de Mouloud Ennabaoui Echarif au palais de la Culture, où un concert de musique çanaâ sera animé par cette prestigieuse formation artistique. A dessein d'un acte de revanche contre l'oubli, de reconnaissance et de gratitude à l'endroit de ce repère privilégié de la scène traditionnelle de la nouba, l'ensemble des mélomanes de ce courant musical sont convivialement invités à cette soirée du souvenir qui, symboliquement, couronnera une mission brillamment accomplie par Si Memed Benchaouche en legs et en direction de la jeunesse et des générations montantes.