Aucun signe de rapprochement et encore moins de règlement dans cette nouvelle guerre d'Irak suivie, il est vrai, par une partie de la population irakienne sans que cela veuille dire que l'autre accepte la situation créée depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003. D'une manière ou d'une autre, et sans que la chute de l'ancien régime suscite un gros chagrin, c'est le refus de l'occupation ou alors un fort souhait de voir les armées étrangères quitter le pays. Ce qui explique le fait que la nouvelle guerre d'Irak soit le fait d'un groupe restreint mais déterminé au sein de la communauté chiite. Ce qui ne veut pas dire que les autres tendances acceptent la situation qui leur est imposée. Celles-là entendent demeurer présentes dans toutes les phases de l'action politique pour y être le groupe dominant. Tout cela bien entendu dans la perspective des élections prévues normalement au début de l'année prochaine. Si tout va bien. Malgré le forcing militaire américain, de violents accrochages ont opposé dans la nuit les combattants de l'imam chiite Moqtada Sadr aux forces américaines dans la ville de Koufa à l'est de Najaf où des tirs d'artillerie sporadiques résonnaient du côté du cimetière. A Koufa, les affrontements ont fait un mort et douze blessés, civils et miliciens, selon Mohammed Abdel Kazem, un médecin du service des urgences de l'hôpital de Koufa. Des échanges de tirs nourris ont éclaté dans la nuit et duré, selon des miliciens, environ trois heures, endommageant un mur d'enceinte de la mosquée-mausolée Maitham Al Tammar. « Les forces américaines ont essayé de prendre d'assaut la mosquée, mais nous les avons repoussées », a affirmé un combattant. En face du mausolée, le palais de justice a été en partie incendié dans la nuit après avoir été la cible de tirs. Les meubles étaient calcinés, les murs et plafonds noircis et des vitres étaient maculées de sang. Les miliciens ont affirmé avoir attaqué au lance-roquettes RPG le palais de justice où les troupes américaines avaient pris position. Il n'était pas possible dans l'immédiat de contacter les forces américaines. Toujours à Koufa, après ces affrontements, deux obus de mortier ont été tirés vers 9h 50 (5h50 GMT) sur les positions américaines qui se trouvent à 200 m de la mosquée-mausolée Maitham Al Tammar. A Najaf, à seulement dix kilomètres à l'ouest de Koufa, un accrochage a éclaté un peu après minuit et a duré moins d'une heure. Les chars américains étaient beaucoup moins nombreux, allégeant leurs positions dans la vieille ville où se trouve le mausolée de l'imam Ali, et les gens pouvaient y entrer et en sortir sans problèmes. Des centaines de personnes, dont de nombreux miliciens, se trouvaient hier matin dans l'enceinte du mausolée où un obus de mortier est tombé sans faire ni dégâts ni victimes. Des tirs d'artillerie sporadiques résonnaient non loin du mausolée, dans l'immense cimetière de la ville où sont également retranchés des miliciens. Un proche collaborateur de Moqtada Sadr, Ali Soumeissim, a par ailleurs affirmé que les clefs du mausolée d'Ali étaient toujours en possession des miliciens et n'avaient pas été remises au bureau du grand ayatollah Ali Sistani, contrairement à ce qu'avait affirmé la veille un proche M. Sistani à Londres. Le bureau de l'ayatollah a exigé, selon cheikh Soumeisim, qu'il n'y ait plus personne dans l'enceinte du mausolée et que toutes ses portes soient fermées avant de récupérer les clefs. Le grand ayatollah Ali Sistani, figure emblématique des chiites d'Irak, se trouve actuellement à Londres pour des raisons de santé. C'est du moins la version officielle, car d'autres circulent et contestent cette première version et toutes concordent à dire que l'ayatollah Sistani a préféré prendre du recul, c'est-à-dire s'éloigner de ce champ de bataille dont la proximité l'obligerait à plus de présence, ce qui pourrait impliquer un affrontement avec le jeune imam. Ce sera alors la guerre entre chiites, une communauté qui a bien du mal à surmonter ses querelles internes.