C'est l'un des événements les plus importants de l'année 2014. Il s'agit du conclave de l'opposition, toutes tendances confondues, qui s'est tenu le 10 juin à l'hôtel Mazafran, à Alger. Initié par la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), ce rendez-vous politique a marqué l'année qui vient de s'achever.Cette conférence pour la transition démocratique a réussi, pour la première fois depuis l'avènement du multipartisme en Algérie, à réunir toutes les composantes de l'opposition en Algérie ; des leaders politiques qui refusaient, des années durant, toute conciliation, se sont retrouvés sous le même toit, dans une même salle et autour d'une même table pour discuter d'un seul sujet : la crise politique dans laquelle s'enfonce le pays. En effet, des démocrates, des islamistes et d'anciens chefs de gouvernement ont débattu, pendant plusieurs heures, de la situation post-quatrième mandat. L'organisation de la conférence du Mazafran n'a pas été facile. Fruit de plusieurs semaines de contacts entrepris par la CNLTD avec les différents acteurs politiques, elle avait failli être compromise pour une question de salle. Devant avoir lieu, initialement, à l'hôtel Hilton, les organisateurs ont été surpris, à quelques jours du rendez-vous, par le refus de la direction de cette infrastructure d'accueillir la conférence. Du coup, les responsables de la CNLTD se sont retrouvés dans une situation inconfortable. Il fallait donc chercher, rapidement, un autre lieu pour éviter un report de l'événement. C'est ainsi que le choix s'est porté sur le chapiteau de l'hôtel Mazafran. La conférence a été, de l'avis des observateurs, une réussite. Elle a rassemblé tous les acteurs de l'opposition qui ont eu, pour la première fois, des analyses convergentes sur la situation politique nationale. Les participants ont même publié une plateforme, appelée «la plateforme du Mazafran», qui dresse une série de mesures à prendre pour parvenir à une solution consensuelle à la crise. Comptant sur un échec de la conférence, le pouvoir n'a pas caché sa gêne après «la grande union de l'opposition». Le malaise du pouvoir était encore plus visible après le boycott massif des consultations sur la révision constitutionnelle conduites par Ahmed Ouyahia, chef de cabinet de la Présidence. Se sentant renforcée, l'opposition a poursuivi, tout au long de l'été dernier, la mise en œuvre des résolutions contenues dans ladite plateforme, dont l'installation de l'Instance de suivi et de consultations de l'opposition (ISCO). Cette dernière irrite à nouveau le pouvoir et ses partis en appelant, en novembre dernier, à une élection présidentielle anticipée.