C'est une première depuis l'avènement du multipartisme en Algérie. Toutes les composantes de l'opposition seront réunies, mardi prochain à Alger, pour exprimer leurs points de vue et tenter de s'entendre sur la démarche à suivre afin de sortir de la crise politique actuelle. La conférence nationale de transition démocratique, initiée par la CNLTD, s'annonce ainsi comme un important «congrès» de l'opposition algérienne. Un rendez-vous qui a réussi, en attendant de connaître tous les noms des participants, à rassembler des acteurs politiques qui se regardent en chiens de faïence depuis plusieurs années. L'annonce de la participation du FFS à la conférence du 10 juin est, on ne peut plus clair, un évènement important pour la démarche adoptée par la CNLTD. Elle (la participation du FFS) vient de mettre un terme à toutes les divisions, constatées dans la carte politique nationale ; après le rapprochement entre islamistes et démocrates, c'est au tour des frères ennemis de s'asseoir autour d'une même table en mettant de côté leurs sensibilités et leurs susceptibilités. En plus des responsables du RCD et du FFS qui ne se sont pas retrouvés dans une même salle depuis une vingtaine d'années, cette conférence réunira aussi des personnalités politiques ayant claqué la porte de leurs partis respectifs avec leurs anciens amis. On retrouvera, à cet effet, l'avocat et ancien sénateur, Mokrane Aït Larbi aux côtés de ses ex-camarades du RCD. Les responsables des partis islamistes, en l'occurrence Ennahda et El Islah devront rencontrer leurs anciens «frères» du FJD de Abdallah Djaballah. Des anciens chefs de gouvernement, tels que Mouloud Hamrouche, Ali Benflis et Ahmed Benbitour se rencontreront aussi, pour la première fois, dans une conférence. Au-delà de l'issue de la rencontre du Mazafran, le rassemblement de toutes les figures de l'opposition traditionnelle est un fait révolutionnaire pour la classe politique de l'opposition. Cette dernière a été, pour longtemps, victime, même partiellement, de ses divisions. En effet, les principaux partis de l'opposition ont été souvent critiqués sur leur refus d'accepter l'autre et de débattre avec lui sur les questions essentielles. L'égocentrisme, l'égoïsme et les sensibilités idéologiques ont toujours séparé les principaux leaders de l'opposition. Pour ces facteurs, ces derniers n'acceptent aucune idée de rapprochement entre eux. Cela a été constaté même lors des élections locales où les partis de l'opposition refusaient de s'allier pour constituer des exécutifs communaux, préférant même bloquer des APC. Le moment est-il arrivé pour que l'opposition accorde enfin ses violons ? Cette conférence débouchera-t-elle sur une plateforme commune de l'opposition qui s'imposera comme une alternative au pouvoir qui manœuvre en ce moment pour fermer encore le jeu politique ? En tout cas, les composantes de l'opposition ont intérêt à s'unir en ce moment, si elles veulent contraindre les responsables du régime à négocier, avec elles, l'avenir politique du pays. Et une éventuelle réussite de cette conférence préliminaire pour la transition pourrait être le début d'une nouvelle ère d'exercice politique dans le pays.