Les habitants du village d'Izarnen, relevant de la commune de Tamanrasset, ont procédé, hier, à la fermeture de la route menant vers le majestueux mont de l'Assekrem — l'un des plus importants sites touristiques en Algérie — pour réclamer leur part de développement. Peu après 8 heures du matin, la route a été barrée à l'aide de plusieurs barricades et d'objets hétéroclites dressés par les villageois qui ont protesté contre «le mutisme» des autorités locales et «leur insouciance» quant à la prise en charge des problèmes dans lesquels ils se débattent depuis l'indépendance. Face à la détermination inébranlable des protestataires, les touristes ayant prévu de passer le réveillon dans l'Assekrem n'ont fait que rebrousser chemin. Les adeptes de ce lieu de villégiature le plus prisé en cette période de fin d'année ont été ainsi privés de contempler de près les plus beaux coucher et lever du soleil au monde. «Personne ne passera si les autorités compétentes continuent de faire la sourde oreille face à nos problèmes», menace un représentant du village. Les villageois de cette localité, distante de 30 km de Tamanrasset, ont égrené un chapelet noir en énumérant une série de problèmes qui meublent leur piètre quotidien. Derrière l'Assekrem Le bitumage de l'unique route menant vers cette bourgade déshéritée reste toutefois la première revendication formulée. «Les habitants d'Izarnen — une entité de tribus taguies — souffrent et continuent de souffrir le martyre à cause de la dégradation de la route reliant le village au chef lieu communal (…). Beaucoup de malades, notamment les femmes enceintes et ceux dont l'état de santé s'est aggravé en l'absence d'infrastructures et de moyens sanitaires au village, ont rendu l'âme au cours de leur évacuation vers l'hôpital de Tamanrasset», s'indigne le représentant du village, Ibba Khadir, en brandissant plusieurs lettres de doléances adressées vainement au premier magistrat de la wilaya. Notre interlocuteur revient avec amertume sur le décès tragique des deux parturientes originaires des hameaux de Taghemout et Amanidane, survenu l'été dernier. «Après l'alerte, les ambulanciers ont mis plus d'une heure pour arriver. Ce qui a aggravé davantage la situation des deux femmes ayant fait les frais de l'enclavement et de l'ostracisme qui frappent cette localité dépourvue de toute condition et commodité de vie. Nous avons signalé ce problème à maintes reprises, mais on nous oppose toujours une fin de non-recevoir. Nous avons réclamé le bitumage de cette route de la mort en raison de son état défectueux. Toutefois, notre doléance a fini par atterrir dans la corbeille des responsables qui refusent toute opération liée au revêtement de cette route menant également à l'Assekrem dans le souci de sauvegarder le cachet naturel de cette boucle touristique. C'est inconcevable ! On ne peut jamais accepter de faire du tourisme au prix de notre vie», déplore-t-il. Et d'ajouter : «Nos femmes décèdent en silence et le gouvernement en place ose parler, toute honte bue, de tourisme et des droits de l'homme ! C'est malheureux. Ce que ces responsables doivent savoir, c'est que les habitants du Hoggar, 52 ans après l'indépendance du pays, sont toujours privés de leurs droits les plus légitimes. Il est temps de se raviser et d'implorer Dieu pour un demi-siècle de pardon, parce qu'à ce rythme la situation risque de prendre des allures scandaleuses et gravissimes». Projets A la wilaya, on a appris qu'une étude portant revêtement de la route en question a été lancée par la direction des travaux publics. «Le SG de la wilaya, Aït Aïssa Hocine qui a saisi tous les services concernés le 7 août dernier (correspondance n° 870) suit l'évolution de ce dossier de plus près», a-t-on affirmé. Le P/PPC de Tamanrasset, Zounga Ahmed Hamad, a, de son côté, corroboré que ce projet sera bientôt lancé. Cependant, ses promesses, qui se rajoutent à tant d'autres non tenues, n'ont vraisemblablement pas persuadé les villageois qui décident de maintenir leur mouvement de protestation jusqu'à la satisfaction totale de leur plateforme de revendications, a conclu Ibba Khadir.