Plus de 30% des matériaux de construction sont importés alors qu'ils sont fabriqués localement. Afin de promouvoir le produit local, entrant dans la réalisation des logements et équipements publics, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, vient de limiter tout recours à l'importation des matériaux de construction (céramique, sanitaire, quincaillerie, plastique, menuiserie et autres) car fabriqués localement, faut-il le préciser, en quantité et qualité. Transmise à différents intervenants, tels que les directeurs du logement, des équipements publics, des offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI) et autres, l'instruction du 23 décembre 2014 (n°1385/SPM/MHU/2014), tendant en outre à préserver l'outil de production, ne prête à aucune équivoque. Avant de sommer les destinataires de la correspondance d'appliquer à la lettre ses directives, le premier responsable du secteur a rappelé que des entreprises de réalisation attributaires de projets de logements et d'équipements publics continuent d'utiliser des produits d'importation sans que les maîtres d'ouvrage n'exigent l'emploi de produits de fabrication nationale. Abdelmadjid Tebboune par ailleurs met en garde : «Cette situation, qui devient de plus en plus préoccupante, interpelle l'ensemble des maîtres d'ouvrage publics, gestionnaires de projets financés totalement ou partiellement par le budget de l'Etat pour réagir au niveau de chaque chantier afin de s'assurer de l'utilisation effective et systématique des produits de fabrication locale.» Le ministre compte à travers cette instruction inciter à l'usage de matériaux et produits locaux dans l'acte de bâtir, mais aussi à réduire les coûts liés aux différents projets de logements et d'équipement publics. Sans nul doute, la démarche de Tebboune réconforte bon nombre de promoteurs et entreprises algériennes de fabrication de matériaux de construction. «L'instruction du ministre de l'Habitat intervient au bon moment, car plus de 30% des produits (faïence, dalle de sol, plinthes, sanitaires, portes, quincaillerie, éviers de cuisine et autres) sont importés alors qu'ils sont fabriqués localement. Si on fait un simple calcul, on découvre que l'ardoise est vraiment salée ; pour un logement social de 2 100 000 DA, pas moins de 630 000 DA (l'équivalent de 6300 euros) renflouent les caisses des fournisseurs étrangers. A grande échelle, la facture dépassera des milliards d'euros», confie un producteur algérien de matériaux de construction. Souffrant de la concurrence des importations qui menacent des milliers d'emplois et de gros investissements, les producteurs algériens de matériaux de construction saluent la mesure du ministre, mais attendent que sa missive soit suivie concrètement sur le terrain.