Les faits remontent au 5 juin dernier, lorsque Mohamed Redjil, accompagné de ses deux filles et son fils cadet, se présente à l'hôpital pédiatrique du Mansourah pour une urgence. Son petit fils, âgé à l'époque de 9 mois, souffrait de difficultés respiratoires. «Nous étions devant l'entrée de l'hôpital à 4h30 du matin ; et malgré tous nos appels, et les klaxons du véhicule, personne ne nous a répondu, alors nous étions obligés de lever la barrière du poste de contrôle pour y entrer», affirme-t-il dans une requête adressée au journal. «Avec un bébé qui se trouvait dans un état difficile, nous avons fait le tour des bureaux des urgences, mais il n'y avait aucune âme ; devant cette situation et par inquiétude pour le bébé, nous courrions dans tous les services dans l'espoir de trouver quelqu'un qui pourra le secourir, mais il n'y avait encore personne», poursuit le grand-père. Comment imaginer la réaction d'une famille paniquée et impuissante devant un bébé qui respire difficilement, et qui risque de voir son état se dégrader. «Devant cet état de fait, j'ai voulu prouver que l'enfant était vivant lors de son arrivée à l'hôpital et qu'il n'avait pas reçu les soins nécessaires; j'avais la crainte de ne pas pouvoir apporter les preuves de non assistance à personne en danger, si par malheur le bébé décédera», dira-t-il avec amertume. Devant ce cas et par désespoir, Mohamed Redjil n'a trouvé d'autre moyen que de filmer les lieux avec son téléphone portable en compagnie de son fils. «Ce n'est qu'à 5h40 que le médecin est arrivé, et l'enfant n'a reçu que deux séances d'oxygénation au lieu de trois, car l'infirmier n'était pas là», notera-t-il. A la direction de la santé où il s'est dirigé le même jour, Mohamed Redjil affirme qu'il avait été reçu par le secrétaire général, qui après avoir visionné quelques passages de la vidéo, lui conseilla de rédiger une lettre. «Devant le peu d'intérêt affiché pour mon cas, j'ai décidé de poster la vidéo sur internet pour attirer l'attention des autorités sur ce qui se passe dans cet hôpital», justifie Mohamed Redjil. L'affaire qui avait défrayé la chronique dans la presse, sur Youtube et sur les réseaux sociaux, suscitant l'indignation des internautes, avait abouti à la suspension, par mesure conservatoire, de deux médecins, deux infirmiers et cinq agents de sécurité. Mais les choses ne s'arrêteront pas là, puisque à leur grande surprise, Mohamed Redjil et son fils seront poursuivis en justice par la direction de la santé pour «diffamation». Les deux mis en cause avaient reçu la convocation pour comparaitre devant le tribunal correctionnel situé à Ziadia le 2 décembre dernier pour «prise de photos sans autorisation». Ils devront être jugés séparément. Après deux reports, l'affaire devra être examinée aujourd'hui au tribunal de Constantine. «C'est parce que j'ai voulu dénoncer une négligence dans un établissement public, que je me suis retrouvé devant la justice, avec tous les préjudices moral et financier que je suis en train de subir avec ma famille», regrette Mohamed Redjil.