Sans familles et sans ressources, ces mères se retrouvent seules à affronter les regards d'une société impitoyable, la misère et les vicissitudes de la vie. En cette période de froid glacial, une dizaine de femmes SDF (Sans Domicile Fixe) accompagnées de leurs enfants en bas âge, squattent les pavés et arcades de la capitale des hauts plateaux dans l'indifférence totale. Sans familles et sans ressources, ces mères se retrouvent seules à affronter les regards d'une société impitoyable, la misère et les vicissitudes de la vie. Originaire d'une ville de l'Ouest du pays, Rahma, la trentaine, qui a bien voulu nous parler, vit à l'instar de beaucoup de femmes dans la rue depuis plus de cinq ans. Comme la plupart des sans abris, la rupture familiale est la principale cause de cette descente aux enfers. «Après la mort de ma mère, ma vie s'est transformée en cauchemar. L'épouse de mon père m'a non seulement interdit d'aller à l'école mais voulu faire de moi, une esclave. N'ayant de père que le nom, celui-ci n'a rien fait pour mettre un terme à dix années de supplice. Pour échapper à ce calvaire qui a failli me rendre folle, je prends la clé des champs. Pour une femme SDF, survivre est chaque jour un miracle car la rue ramène son lot de misère et de mésaventures. Les brimades et les agressions par des voyous accentuent mes souffrances», raconte les larmes aux yeux, notre interlocutrice qui aspire à un peu de dignité. Que fait la Das ? Contactée par nos soins, la direction de l'action sociale (DAS) ayant constitué des brigades mixtes composées de représentants de la santé, de la Protection civile, du Croissant rouge, de la sûreté et de l'APC, tend quotidiennement la perche à cette catégorie,faudrait-il encore qu'elle veuille la saisir. «Des sorties nocturnes sont effectuées par les équipes mixtes qui buttent le plus souvent sur un niet catégorique de la part de ces personnes qui viennent de toutes les régions du pays. Convaincre et transférer une SDF qui préfère passer la nuit dans la rue malgré le froid glacial, n'est pas une chose évidente», déclare un cadre de la DAS. Le son de cloche est tout autre chez les femmes sans abris estimant que la rue est plus clémente que les centres d'hébergement proposés. «Je sais que la vie dans la rue est insupportable , mais je la préfère à ces maisons où les maltraitances et dépassements sont les lots quotidiens des personnesvulnérables qui mérite un peu de respect», nous confie une SDF rencontrée non loin d'Aïn Fouara, le lieu de prédilection de cette frange de la société, plus que jamais menacée ces jours-ci par une hypothermie sachant que le mercure affiche chaque nuit à Sétif, entre - 3 et - 5 C°.