L'hebdomadaire Charlie Hebdo a fait l'objet de plusieurs menaces depuis la publication provocante des caricatures du Prophète Mohamed. Charlie Hebdo. Le titre de cet hebdomadaire satirique français, dont la rédaction a été décimée hier dans un attentat sanglant, n'est pas totalement méconnu en Algérie. Frondeur et provocateur, l'hebdomadaire s'est rendu, en effet, célèbre grâce à ses unes et ses numéros «osés». Créé en 1970, Charlie Hebdo s'est «distingué» par le choix de ses sujets, que certaines communautés religieuses et des responsables politiques en France trouvent de mauvais goût. En effet, les dessins provocateurs, se moquant des dirigeants et des stars comme des religions, ne cessent d'être la source d'ennuis pour le journal. Ses responsables se savaient menacés, surtout depuis février 2006, lorsque Charlie Hebdo a choisi, à l'instar de plusieurs journaux européens, de reprendre les 12 caricatures du Prophète Mohamed publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten, «au nom de la liberté de la presse». Les caricatures ont, rappelons-le, provoqué la colère et de violentes manifestations dans de nombreux pays musulmans. Charlie Hebdo fait, depuis cette date, l'objet de menaces récurrentes des mouvements islamistes. L'on ne sait pas encore si ces mouvements sont à l'origine du carnage d'hier. Un journal à polémique depuis sa création L'hebdomadaire cumule les menaces et les affaires en justice. Mais il maintient sa ligne. En 2008, la justice française lui avait donné raison à l'issue du procès intenté contre le titre pour «injure aux musulmans», suite toujours à la publication de nouvelles caricatures du Prophète. La justice avait estimé que les dessins incriminés visaient «clairement une catégorie», à savoir les terroristes, «et non l'ensemble de la communauté musulmane». En novembre 2011, Charlie Hebdo revient à la charge en publiant un numéro spécial rebaptisé «Charia hebdo» avec, en une, la caricature du Prophète Mohamed hilare. Le jour de la publication de ce numéro, les locaux de Charlie Hebdo ont été détruits par un incendie criminel. Son directeur, Charb, qui figure parmi les victimes de ce dernier attentat, a été menacé de mort, il est mis, alors, sous protection policière. Le site internet du journal a aussi été victime de plusieurs piratages. En 2012, de nouvelles caricatures publiées par le journal avaient suscité des critiques virulentes dans de très nombreux pays musulmans. Cependant, l'hebdomadaire a provoqué, d'abord, la polémique en France, avec son ancêtre, Hara-Kiri, fondé par l'écrivain Cavanna et l'humoriste Professeur Choron. Sa manchette de 1970, qui ironise sur la mort du général de Gaulle, a choqué les Français. Il a fini par être interdit. Le journal était reparu sous le nouveau titre de Charlie Hebdo, référence à Charlie Brown, le célèbre «comics» américain de Schultz. Cumulant les procès, il a été contraint de suspendre sa parution pendant une dizaine d'années (de 1981 à 1992). Ces derniers mois, l'hebdomadaire s'est retrouvé dans une situation financière asphyxiante. Ne vendant que 30 000 exemplaires, il est menacé de faillite. Il lance alors un appel aux dons pour ne pas disparaître. La perte de ses cadres risque d'activer le processus…