Par souci de préserver la stabilité financière de l'Algérie, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a appelé, jeudi dernier, les banques à respecter strictement leurs obligations pour les opérations de commerce extérieur et de change. Selon Abderrahmane Benkhalfa, expert financier et ancien délégué général de l'ABEF, cet appel peut être perçu comme étant un «rappel à l'ordre», en ce sens que les banques «se doivent de veiller, par respect à certaines règles prudentielles, à ce que les opérations de commerce extérieur soient conformes à la réglementation, reflétant effectivement des mouvements réels». Pour lui, ce rôle «est joué par les banques depuis longtemps», bien que d'autres observateurs de la place financière pensent que les banques ne font pas assez dans la lutte contre la fraude et le transfert illégal de devises. Ce constat, de l'avis de M. Benkhalfa, est quelque peu exagéré du fait que les banques sont responsables uniquement de l'aspect financier et ne sont pas seules à intervenir sur la scène, puisque «les flux financiers des opérations vers l'étranger sont gérés par les banques sur la base de documents délivrés par les Douanes et un échange dématérialisé des documents se fait entre les deux parties». Ainsi, les banques peuvent à tout moment «vérifier que l'opération qui a fait l'objet d'un transfert de devise corresponde effectivement à une entrée de marchandises à travers un document appelé D10». Notre interlocuteur dit pouvoir témoigner que «les banques jouent le rôle de premier contrôle des flux sortants et des transferts vers l'étranger et des services entiers de contrôle ont été créés pour le besoin». Il n'en demeure pas moins, précise-t-il, que «les importations peuvent donner lieu à des pratiques de surfacturation, à des opérations fictives ou encore à des flux physiques ne correspondant pas aux montants transférés». Selon l'expert, ces opérations ne sont pas près de disparaître, pour la simple raison que «nous avons des flux d'importation importants et notre dinar a deux valeurs : une officielle et une autre sur le marché parallèle qui est de 45 à 50% supplémentaire». C'est la raison pour laquelle, au-delà du contrôle, le phénomène des fuites de capitaux et de tricherie sur les opérations d'importation doit être traité «pas seulement au niveau des banques» mais aussi «à travers le traitement du problème de la double valeur du dinar». Selon lui, il faut «traiter cette problématique de façon structurelle et frontale, avec les moyens économiques et juridiques appropriés, en mettant en place un dispositif dont l'objectif principal est d'unifier la valeur externe du dinar». Et de conclure : «Tant que le marché parallèle reste dans l'étendue qu'il a acquise il sera toujours un stimulant aux fuites de capitaux et aux transferts illicites de devises.»