En guise de compensation de l'annulation tacite de l'organisation du Festival national du costume traditionnel et de la chanson populaire, la commune de Annaba organise depuis lundi et jusqu'au 17 août, les journées culturelles de la wilaya de Batna à Annaba. Le programme de l'animation est chargé. Plusieurs chanteurs et troupes folkloriques de la capitale des Aurès sont de la partie. Hier, dans la matinée, les artistes chaouis se sont servis de leur bande-son naturelle pour répéter en marchant. Ils ont épanoui le chant, rendant merveilleux, mystérieux et captivant les Aurès. Les chanteurs et musiciens venus des profondeurs d'une des riches régions d'Algérie paraissaient bien inspirés. Tout dans leur comportement se décline comme un poème tiré des entrailles de nos traditions millénaires où, fierté, honneur et hospitalité sont les maîtres mots. Dans le hall et la grande salle de réception de la mairie, les riches et lourdes tapisseries absorbent le moindre bruit. C'était comme pour mieux permettre aux visiteurs de s'imprégner de ces robes, burnous, turbans, ceintures serties comme des pièces de joaillerie, kaftans, bijoux et encens. Chacun y allait de son expression d'admiration tout en imaginant les tapis tissés par des mains de fées au gré des chansons du terroir fredonnées sous le ciel étoilé ou des monts enneigés des Aurès. Tout un décor qui a donné au siège de l'APC de Annaba, au Cours de la révolution, au Théâtre de verdure et aux cités et quartiers, un véritable air de fête. Les échanges d'amabilité entre les P/APC de Annaba et de Batna étaient passés presque inaperçus. L'on avait d'yeux que pour les animateurs. Dans leurs propos où jaillit tamazight, ces derniers soulignaient l'histoire de Batna et de Annaba qui se perd dans les brumes du temps. Ce lundi et durant quatre jours à Annaba, la légende des Aurès se mêle avec une rigueur culturelle à la réalité historique de l'Edough. Les membres des différents groupes folkloriques de plusieurs localités de la wilaya de Batna s'étaient habillés de mille et une couleurs. A travers un langage gestuel aux accents multiples, ils ont noué un dialogue passionné avec les spectateurs. Sur le plancher du Théâtre de verdure Mohamed Boudiaf, chanteurs ou musiciens se sont d'abord cherchés pour mieux s'harmoniser. Puis les notes de la gasba, de la longue flûte et du bendir ont déferlé en vagues tumultueuses dans une expression subtile d'une musicalité tirée avec brio de nos us et coutumes, ce qui n'est pas pour déplaire aux nombreux touristes étrangers et à nos compatriotes de l'immigration ravis de revivre l'Algérie profonde à Annaba, une ville dont la population apprécie la culture, mais apparemment pas ses élus. Pour preuve, la mise aux archives du Festival national (il devait prendre une envergure internationale sous la direction de Melle Menadjlia) du costume traditionnel et de la chanson populaire à sa 7e édition.