L'offre mondiale de pétrole devrait rester pléthorique en 2015, ce qui continuera à tirer les cours vers le bas. La dégringolade des cours du pétrole se poursuit, alimentant l'inquiétude au fur et à mesure qu'ils franchissent de nouveaux seuils. Hier encore, le brent de la mer du Nord, baril de référence pour la cotation du pétrole algérien, a franchi à l'ouverture des marchés un nouveau plus bas depuis 6 ans, sous la barre des 49 dollars. Le baril de light sweet crude (WTI) flirtait, quant à lui, avec les 47 dollars. Vers 11h30 GMT, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février est tombé à 48,45 dollars le baril, sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le light sweet crude (WTI) pour la même échéance était en baisse à 47,06 dollars le baril. S'il est acquis que le marché est plombé par la surabondance de l'offre, les signaux positifs augurant d'une éventuelle reprise économique ne semblent pas avoir d'emprise sur le marché. Le fait est que les traders pariant massivement sur une chute des cours du brut et les marchés n'ayant plus d'yeux que pour l'attitude à venir des gros producteurs de pétrole OPEP et hors OPEP compris, les chiffres positifs de l'emploi américains publiés la semaine dernière n'ont pas permis de freiner le recul des cours. En outre, le marché va entrer dans une période de recul de la consommation de pétrole en raison de la saison de maintenance des raffineries, ce qui ne contribue qu'à accentuer les pressions sur un marché atone en raison de la surabondance de l'offre. Aussi, si l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) qui refuse de réduire sa production, espérant mettre à mal les productions plus coûteuses des pays hors OPEP, notamment les schistes américains, la situation actuelle du marché ne semble avoir qu'un effet marginal sur ces dernières productions. En tout état de cause, si le plus gros producteur de l'OPEP, l'Arabie Saoudite, campe sur ses positions et sur son refus d'intervenir pour corriger le marché, la tendance des cours suscite de plus en plus d'inquiétude chez de nombreux pays de l'OPEP. Ce qui a amené le Venezuela à initier une opération de lobbying au sein du pool pétrolier afin de tenter d'influencer les prix. Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a entrepris un périple qui l'a mené samedi en Iran, dimanche en Arabie Saoudite et hier en Algérie. Lobbying vénézuélien La rencontre des chefs d'Etat iranien et vénézuelien à Téhéran s'est certainement soldée sur un consensus sur la nécessité d'appeler à la coopération au sein de l'OPEP pour soutenir les cours du brut. Un fait qui n'a rien d'étonnant lorsque l'on sait la convergence de vues entre les deux membres de l'OPEP quant à la question des prix et leur opposition à la stratégie adoptée par l'Arabie Saoudite. Mieux encore, les deux Présidents n'ont pas hésité à mettre en avant l'argument stratégique en surfant sur un hypothétique complot des puissances occidentales. Le président iranien, Hassan Rohani, a ainsi déclaré, à l'issue de sa rencontre avec le président Maduro, que la coopération des membres de l'OPEP qui sont sur la même ligne permettrait de neutraliser les plans de certaines puissances contre l'OPEP et de stabiliser les prix à un niveau acceptable en 2015. Cependant, après avoir prêché en terrain conquis, le président vénézuelien a dû mener, à Riyad, une mission bien plus complexe. Celle de recueillir l'adhésion de l'Arabie Saoudite à cette démarche. Cependant, l'entretien avec le prince héritier Salmane Ben Abdelaziz n'a pas permis de faire bouger les lignes, même si un communiqué du gouvernement vénézuélien précise que Riyad et Caracas conviennent de «travailler pour récupérer les parts de marché (de l'OPEP, ndlr) et de soutenir les prix du pétrole grâce aux politiques d'Etat menées par les plus gros producteurs de pétrole». La position de l'Arabie Saoudite est à ce propos claire et assumée : le royaume est assez solide financièrement pour faire face à une baisse des cours et refuse d'assumer seule le rôle de swing producer en continuant à corriger le marché par une baisse de la production.