Le pays reste tributaire des hydrocarbures qui représentent 98% des recettes en devises L'Organisation des pays exportateurs de pétrole n'a plus d'autre choix que de réduire sa production pour éponger le surplus de l'offre afin de stopper la dégringolade des cours de l'or noir. L'Opep n'est pas prête à revoir un baril à 100 dollars, voire plus, alors que la majorité de ses membres a besoin d'un prix du pétrole de ce niveau pour faire tourner convenablement son économie, faire face à ses besoins, équilibrer ses budgets et assurer la paix sociale. C'est le cas de l'Algérie qui a besoin d'un baril à 120 dollars pour atteindre l'équilibre de son budget. Avec un baril au-dessous de 60 dollars, le déficit s'annonce astronomique. Le gouvernement sera alors obligé de puiser dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) ou de faire appel à l'épargne des Algériens via un endettement intérieur. Le pays reste tributaire des hydrocarbures qui représentent 98% des recettes en devises et contribuent, selon les années, entre 65% et 75% aux recettes fiscales de l'Etat. Ce mardi, le prix du baril a une nouvelle fois chuté et a franchi en séance le seuil de 65 dollars, à 64,85 dollars à la Bourse de Londres (référence pour le brut algérien), son plus bas niveau depuis le début de l'année. Depuis le 1er janvier, le baril perd plus de 41% de sa valeur. Cette nouvelle chute a poussé le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, à intervenir quelques jours après le ministre des Finances pour évoquer une réunion d'urgence de l'Opep, avant celle prévue au mois de juin. «Nous allons poursuivre nos efforts par le dialogue avec l'Opep et avec les producteurs hors Opep pour réduire un excédent estimé à deux millions de barils par jour», a-t-il déclaré à l'Entv. Le premier responsable du secteur des hydrocarbures s'inquiète de l'incidence de la chute du prix du baril sur l'économie du pays par extension sur les dépenses et la vie quotidienne des Algériens. Les membres du gouvernement appréhendent une fin d'hiver risquée pour les dépenses de l'Etat surtout que l'Etat avait prévu de dépenser 150 milliards de dollars dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019. Les cours de l'or noir qui se sont effondrés au point de perdre plus de 40% de leur valeur depuis le mois de juin dernier ne donnent aucun signe de répit. Cette sévère chute des prix du pétrole asphyxie certains pays producteurs. L'Opep n'a plus le choix: elle doit fermer ses vannes. L'initiative prend forme. Les pays producteurs hors Opep doivent s'y associer. «Jusqu'à ce que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole décide de contribuer à la réduction de la surabondance de l'offre, les producteurs hors Opep vont devoir prendre la part du lion pour rééquilibrer le marché», soulignaient les analystes de Commerzbank. Rappelons que les ministres de l'Energie saoudien, russe, mexicain et vénézuélien avaient convenu à la veille de la tenue de la réunion de l'Opep qui s'est tenue le 27 novembre dernier à Vienne de se revoir au début de l'année 2015 pour coordonner leurs actions en faveur des marchés pétroliers. «Tous ont été unanimes à qualifier d'inacceptables les prix actuels du pétrole (...). La question des prix préoccupe tout le monde (...). Cent dollars le baril serait un prix juste», avait déclaré Rafael Ramirez, chef de la diplomatie et ex-ministre de l'Energie du Venezuela. Le Brent de la mer du Nord valait 80 dollars, alors que le WTI américain affichait un peu plus de 76,1 dollars. Le président vénézuélien Nicolas Maduro promet de continuer la lutte pour rétablir un cours pétrolier juste, qu'il estime autour des 100 dollars le baril, a rapporté le quotidien russe Rossiïskaïa gazeta. Ce quarteron de pays producteurs compte vraisemblablement ne pas rester les bras croisés. «Les représentants de la Russie, du Venezuela, du Mexique et de l'Arabie saoudite vont organiser une rencontre au premier trimestre de 2015, lors de laquelle ils se pencheront sur la question des prix du pétrole», a indiqué le 8 décembre le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak. «Plusieurs membres du cartel, dont le Venezuela et l'Iran, ont ainsi appelé à travailler avec les pays pétroliers hors Opep pour rééquilibrer le marché.» a-t-il ajouté. Le ministre du Pouvoir populaire pour les Relations extérieures du Venezuela, avait évoqué le sujet lors de l'entretien que lui a accordé le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au mois de novembre dernier. «Nous avons évoqué le marché pétrolier international et réaffirmé notre position à défendre le prix du pétrole» avait déclaré Rafael Ramirez. La situation était jugée critique à ce moment là pour les deux pays par les experts. «Le Brent continue d'évoluer à proximité d'un plus bas en quatre ans, et surtout du niveau des 80 dollars qui constitue une zone de fragilité pour de nombreuses économies de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole)», avait signalé le 12 novembre dernier Christopher Dembik, analyste chez Saxo Bank.«On pense en particulier à l'Algérie et au Venezuela qui ont basé leurs prévisions de budget sur un baril autour des 100 dollars» avait-il précisé. Avec le degré de détérioration atteint aujourd'hui par le marché pétrolier, l'Opep est dos au mur. Le baril de Brent de la mer du Nord valait 66,04 dollars, hier vers midi, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 80 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) coté à New York subissait une chute de 1,06 dollar à 62,76 dollars. Il ne reste plus, comme seule alternative, qu'à fermer les vannes pour tenter de faire baisser la pression.