Après 14 jours de contestation, la Présidence invite les protestataires au dialogue. Reste à désigner le lieu de la rencontre : la capitale ou In Salah. La présidence de la République a demandé aux protestataires d'In Salah de désigner une délégation de cinq ou six personnes pour rencontrer le représentant personnel du président Bouteflika, à Alger ou à In Salah, apprend-on auprès du comité d'organisation de cette manifestation. Le dialogue semble renoué avec les plus hautes instances du pays depuis dimanche, pour trouver une solution au problème posé par la population qui boucle son 14e jour de protestation pacifique devant la daïra d'In Salah et à travers les grandes villes du Sud, notamment Tamanrasset. Selon nos sources, le point de discorde concerne actuellement l'organisation de cette entrevue avec l'émissaire de Bouteflika et surtout le lieu de la rencontre. La Présidence propose Alger, les protestataires In Salah. Les prochaines heures apporteront du nouveau à ce propos. Mais on sait d'ores et déjà que le ton a changé et que la résistance a porté ses fruits. D'après notre interlocuteur du comité de pilotage de la fronde, «il est clair qu'il y a un changement de position, le Président n'est pas resté insensible à nos appels». Tamanrasset paralysée L'appel à la contestation a été suivi dans toutes les localités de la wilaya de Tamanrasset. Des marches pacifiques et des sit-in imposants y ont été organisés en signe de solidarité avec In Salah. Les protestataires, dont le nombre est sans cesse croissant, ont décidé de hausser le ton en annonçant une «milyonia» du Sud et du Grand-Sud. Cette annonce aurait eu l'effet d'une bombe auprès des gouvernants, qui cherchent des solutions pour renouer le dialogue et la négociation. A In Salah et Tamanrasset, où l'on adhère massivement à ce mouvement, les commerçants ont tous baissé rideau, hier jusqu'à 18h. Les employés de certaines administrations et établissements publics ont été également sommés de rejoindre la protesta, nous dit-on. «Tout le monde est concerné par cette calamité, pas uniquement les habitants d'In Salah. Nous devons faire preuve de résistance pour que ce projet polluant soit immédiatement arrêté. Pour ce faire, nous devons tous nous mobiliser, tous doivent assumer leur responsabilité.» Une vaste campagne de sensibilisation est menée via les réseaux sociaux contre l'exploitation des gaz non conventionnels et les conséquences néfastes qui en découleront. La contestation, qui gagne en intensité, s'est étendue aux établissements scolaires ; des écoliers se sont joints aux chœurs de l'indignation. Les élèves d'In Salah ont rejoint, dimanche, les bancs de l'école après plusieurs jours de vacances forcées par un élan de solidarité, signé par des innocents arborant des ardoises et des pancartes où l'on pouvait lire «Non au gaz de schiste». Pour la deuxième journée consécutive, les écoliers de Tamanrasset ont aussi battu le pavé et se sont joints aux nombreux protestataires qui ont procédé à la fermeture du siège de l'APC et de quelques axes routiers de la ville de Tin Hinan. Les étudiants, de Tamanrasset à Alger, comptent organiser un sit-in devant le ministère de l'Energie dans les jours qui viennent.