Première mauvaise nouvelle en 2015. Le taux de chômage repart à la hausse. Il s'est établi, en septembre 2014, à 10,6%, soit 1,214 million de chômeurs. Il enregistre ainsi, pour la première fois depuis plusieurs années, une augmentation de 0,8 point par rapport à avril 2014, soit plus de 63 000 nouveaux chômeurs en moins de cinq mois. C'est ce qui ressort de la dernière enquête de l'Office national des statistiques (ONS), dont les résultats ont été dévoilés hier. «Après avoir connu une stagnation autour des 10% de 2009 à 2013, le taux de chômage en Algérie a grimpé en septembre dernier à 10,6%, enregistrant une hausse de 0,8 point par rapport à avril 2014, lorsqu'il était à 9,8%», révèle la même source. Ce chiffre risque d'augmenter encore en 2015, d'autant plus que le gouvernement, pris de court par la chute du prix du pétrole, a décidé de geler le recrutement dans la Fonction publique. Ces nouveaux chiffres risquent de compliquer la tâche des autorités qui assuraient, il y a seulement quelques jours, que le chômage «ne repartira pas à la hausse, à cause des mesures d'austérité décidées récemment pour faire face à la chute libre des recettes pétrolières». En tout cas, plusieurs données contenues dans l'enquête de l'ONS remettent en cause les chiffres officiels sur les dispositifs d'emploi et la création des entreprises. Concernés par les dispositifs d'aide à l'insertion professionnelle, créés en 2008 en remplacement du fameux CPE (contrat pré-emploi) qui a démontré ses limites, les jeunes sont les plus touchés par le chômage avec un taux de 25,2% et de 16,4% chez les diplômés des universités. «Cette augmentation du taux de chômage global est due essentiellement à la hausse du nombre des chômeurs diplômés, dont principalement les universitaires. Après avoir connu une baisse sensible durant la période 2010-2013, passant de 21,4% à 14,3% pour atteindre 13% en avril 2014, le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur a connu une augmentation en septembre dernier pour atteindre 16,4% avec des disparités significatives en genre : 10,9% pour les hommes et 22,1% pour les femmes», explique-t-on dans ce document. La précarisation de l'emploi enclenchée Il y a aussi un autre indicateur qui pose encore la problématique de l'efficacité des dispositifs d'emploi en Algérie. En plus des licenciés des universités, les diplômés de la formation professionnelle ne sont pas mieux lotis. Chez cette catégorie, le chômage a aussi enregistré une hausse de 0,8% point pour s'établir à 12,7% en septembre dernier. «Chez les personnes sans qualification, le taux a connu une légère hausse de 0,2 point avec 2,7%», note l'ONS. Précisant que le taux de chômage en milieu urbain reste toujours plus important avec 11,4% (886 000 personnes), tandis que celui en zone rurale est de 8,9% (328 000 personnes), l'office révèle, pour la première fois, d'autres données importantes. Cette enquête menée auprès de 21 502 ménages répartis sur le territoire national, fait ressortir qu'en moyenne, 1 chômeur sur 3 est en quête d'un poste d'emploi depuis moins d'une année (36,8%), soit un nombre de 447 000 chômeurs, enregistrant un accroissement du chômage de courte durée par rapport à avril dernier (32,4%), soit 372 000 personnes. «Par ailleurs, les chômeurs ayant déjà travaillé par le passé sont estimés à 549 000 personnes, formant ainsi 45,2% de la population au chômage», précise-t-on. S'agissant de la population occupée qui s'élève à 10,2 millions de personnes, l'enquête précise que ces gens travaillent majoritairement comme salariés non permanents (79,7%) et dont les trois-quarts (74,4%) exercent dans le secteur privé. L'enquête précise, en effet, une régression de l'emploi salarié permanent de 145 000 personnes et une progression du salariat non permanent de 115 000 individus. On remarque ainsi que le recours aux contrats à durée déterminée (CDD) au détriment des CDI devient la règle avant même l'entrée en vigueur du nouveau code du travail, dont le projet a été dénoncé par les syndicalistes qui craignent une précarisation de l'emploi en Algérie.