Une des mesures prises par le gouvernement français est l'isolement dans des cellules individuelles de certains djihadistes considérés comme dangereux. Après sa déclaration de mardi dernier devant les députés disant que «la France est en guerre contre le terrorisme et l'islamisme radical», le Premier ministre français, Manuel Valls, est déjà passé à l'action. Hier, lors du conseil de gouvernement, plusieurs décisions visant à lutter efficacement contre le terrorisme ont été mises sur la table. C'est la 15e loi à être adoptée depuis 1986. Objectif : Faire échouer en amont toute attaque terroriste visant la France ou ses intérêts. Parmi ces mesures, on peut notamment citer l'isolement dans des cellules individuelles de certains djihadistes considérés comme dangereux. La prison de Fresnes (Ile-de-France) a déjà commencé l'expérimentation de cette nouvelle façon d'interner. Et les résultats ne sont pas mauvais, selon Christiane Taubira, ministre de la Justice. Le but de cette mesure est d'éviter que ces djihadistes virulents et souvent irrécupérables, influencent d'autres détenus de droit commun ou les contaminent idéologiquement. Renforcer les contrôles sur les réseaux sociaux Cette mesure a été décidée après qu'il est apparu que c'est au sein de la prison que l'un des frères Kouachi, impliqué dans l'attaque contre Charlie Hebdo a noué des liens d'amitié avec Coulibaly. Ensemble d'ailleurs, ils ont échafaudé un plan pour attaquer la France la semaine dernière. Parallèlement, une autre loi visant à mieux contrôler les réseaux sociaux et le contenu des sites internet va être également déposée. Pour Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, l'endoctrinement des jeunes passe souvent par ces sites. Il a d'ailleurs décidé d'aller aux Etats-Unis pour «sensibiliser» les grands opérateurs d'internet à la surveillance antiterroriste. «Il faut aller plus loin dans la sensibilisation des grands opérateurs d'internet, a déclaré M. Cazeneuve». «Ce qui m'a frappé dimanche, dernier lors de la réunion de tous les ministres de l'Intérieur, c'est la volonté de tout le monde, y compris des Etats-Unis, de faire en sorte que nous ayons un contact étroit avec Twitter, Google et les autres opérateurs de Facebook pour dire attention, il y a un problème particulier, il faut vous mobiliser avec nous», a-t-il ajouté. «Charlie Coulibaly » Bernard Cazeneuve a une semaine pour faire des propositions dans ce sens, comme le lui a demandé Manuel Valls. Par ailleurs, la loi sur le renseignement est «prête », à en croire le député socialiste Jean Jacques Urvoas. Elle devra notamment permettre «l'accès aux données informatiques de ceux qui fomentent» des attentats et la possibilité de «sonoriser les lieux privés où ils sévissent». Aussi, plus de 1000 postes supplémentaires seront pourvus dans le domaine du renseignement et de la sécurité d'ici 2017. Selon ce même député, le but de cette loi «est de détecter, d'anticiper de façon à ce que ceux qui fomentent des coups puissent être interpellés avant d'agir». Il a ajouté : «Ce qui nous manque surtout ce sont des moyens d'investigation. Par exemple nous voulons avoir accès aux ordinateurs. Les interceptions de sécurité sont en général assez stériles. (…) Nous voulons aller sur Skype, par exemple, ce que nous ne pouvons pas faire aujourd'hui juridiquement. Nous voulons avoir accès aux données informatiques de ceux qui fomentent des coups.» C'est d'ailleurs dans ce cadre-là que l'humoriste Dieudonné a été arrêté puis placé en garde à vue, hier, pour s'être revendiqué «Charlie Coulibaly».