Le chef du gouvernement français Manuel Valls a reconnu «des failles» dans le renseignement trois jours après l'attentat contre le journal Charlie Hebdo et une prises d'otages qui ont fait 17 morts dans la région parisienne plaçée samedi sous haute sécurité. «Il y a une faille, bien évidemment. Quand il y a 17 morts, c'est qu'il y a eu des failles», a déclaré vendredi le Premier ministre Manuel Valls, rappelant les «centaines d'individus qui partent en Syrie et en Irak» où ils sont «formés au terrorisme». Il a souligné que les autorités y font face par «des interpellations», «des incarcérations» et l'«adoption de deux lois antiterroristes». De mercredi à vendredi, 17 personnes ont perdu la vie et une vingtaine d'autres ont été blessées. La traque des auteurs présumés de l'attentat contre Charlie Hebdo s'est achevée dans le sang vendredi : les trois auteurs présumés ont été abattus par les forces de l'ordre au cours d'une journée de prises d'otages qui a coûté la vie à quatre personnes dans un magasin casher de Paris. Les autorités françaises ont été confrontées à une situation sans précédent dans l'histoire moderne du pays avec deux prises d'otages à 50 km de distance perpétrées par des personnes lourdement armées, avec entre autres un lance-roquettes. «La France, même si elle est consciente d'avoir fait face (...) n'en a pas terminé avec les menaces dont elle est la cible», a déclaré vendredi le président François Hollande, dénonçant «des fanatiques qui n'ont rien à voir avec la religion musulmane». Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé le maintien du plan antiterroriste dans la région parisienne, élevé mercredi à son plus haut niveau après l'attaque meurtrière contre le journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait douze morts dont deux policiers, des caricaturistes et journalistes. «Nous sommes, compte-tenu du contexte, exposés à des risques. Il est donc important que le plan Vigipirate, qui a été rehaussé dans la région Ile-de-France et qui fait l'objet de mesures particulières sur le reste du pays, soit conforté au cours des prochaines semaines», a précisé le ministre à l'issue d'une réunion de crise à l'Elysée. Samedi, les forces de l'ordre recherchaient activement la compagne d'un des trois auteurs présumés de l'attentat contre Charlie Hebdo (12 morts), dont les deux frères Saïd et Chérif Kouachi tués, ainsi qu'Amedy Coulibaly, avec lequel ils étaient liés, responsable d'une prise d'otages dans un supermarché de l'est de Paris. Quatre personnes ont été tuées dans le magasin par Coulibaly qui avait tué la veille une policière. Selon les autorités françaises, Chérif Kaouchi était bien connu des services de renseignements français, et les deux frères étaient inscrits «depuis des années» sur la liste noire américaine du terrorisme. Le procureur de Paris François Molins a révélé que des liens «constants et soutenus» existaient au travers de leurs compagnes entre Chérif Kouachi, et Amedy Coulibaly. La femme de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, est elle détenue depuis mercredi par la police. Selon le procureur, Izzana Hamyd a «passé plus de 500 appels sur l'année 2014 avec la compagne de Coulibaly», un délinquant multirécidiviste déjà condamné dans une affaire d'extrémisme religieux. Selon une source sécuritaire, Coulibaly, alors qu'il menait sa prise d'otages vendredi, a demandé à des proches «d'aller attaquer différentes cibles, et notamment des commissariats de banlieue parisienne». Les investigations se poursuivaient afin de déterminer si le preneur d'otages a agi seul. Une conférence sur le terrorisme prévue dimanche à Paris réunira par ailleurs douze ministres de l'Intérieur européens et américain.