L'une des grandes hantises du Commissariat de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe 2015, est, visiblement, un manque d'adhésion du citoyen à ce rendez-vous culturel. Un désintérêt qui trouverait son origine dans le profond ras-le bol de la population occasionné par les interminables chantiers de relooking de la ville. L'autre hantise c'est, vraisemblablement, de veiller à l'application des directives du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à savoir «faire preuve de vigilance» dans la gestion du crédit alloué au Commissariat pour la concrétisation du programme spécial 2015. C'est ce qu'a affirmé, hier, Sami Bencheikh El Hocine, commissaire de la manifestation, au cours d'une conférence de presse organisée dans l'ex-salle des délibérations de l'APW de Constantine et destinée à «faire le point sur les préparatifs relatifs à 2015». A ce propos, l'orateur a parlé de vigilance dans la gestion du budget débloqué «il y a à peine quatre jours», précisant que le Premier ministre n'accordera pas un centime de plus aux organisateurs. Au demeurant, outre la vigilance, Sami Bencheikh El Hocine et ses collaborateurs sont conviés à faire preuve également de parcimonie, en ces temps de vaches maigres, où le prix du baril de pétrole est en chute libre, en n'accordant pas notamment des marchés au premier venu. Tout en mesurant ses propos, Sami Bencheikh El Hocine n'a pas hésité, à ce titre, de faire remarquer qu' «au Commissariat on se fait des ennemis, parce qu'il y a des gens qui pensent avant tout à l'argent». Une réflexion qui en dit long sur les pressions exercées sur lui, notamment par «des patrons de boites domiciliées à l'étranger qui proposent des activités et exigent en contrepartie des cachets en devises pour participer au programme de 2015. Je refuse absolument de payer pour l'organisation de «arass» (fêtes familiales), je veux des manifestations culturelles structurantes et pérennes pour la ville», a-t-il soutenu. Le ton est donc donné. A moins de trois mois du coup d'envoi de la manifestation, le Commissariat n'a plus le temps aux tergiversations. Les 4 milliards de dinars, au titre de l'exercice 2014, alloués dernièrement par le gouvernement pour l'élaboration du programme de la manifestation et la logistique seront suivis, ultérieurement par 2 autres milliards de DA pour l'exercice 2015, alors que le milliard restant est prévu pour 2016. Au total, le Commissariat percevra 7 milliards de DA pour les pluriactivités culturelles prévues et concoctées pour l'occasion, au lieu des 10 milliards de DA avancées préalablement. Pour le Commissariat de la manifestation, le défi est aujourd'hui plus que majeur, entre des Constantinois excédés par la durée des travaux et qu'il faudra «mobiliser afin qu'ils se réapproprient l'événement», et des «prédateurs» alléchés par les opportunités qu'offre ce rendez-vous culturel. Ce dernier débutera, le 15 avril 2015, aux alentours de 17 h par une parade composée de chars traduisant l'identité de chaque pays participant, suivie par un spectacle sons et lumières et un feu d'artifice. L'ouverture officielle aura lieu le lendemain à 18h, par une présentation de l'Iliade de Constantine, une œuvre chorégraphique retraçant l'histoire de Constantine. Le reste de l'année sera notamment ponctué par des colloques, expositions, représentations théâtrales et des projections cinématographiques.