Abdelkrim Djaâd n'est plus. Le journaliste s'est éteint, hier, à l'hôpital Cochin de Paris, à l'âge de 65 ans, des suites d'une longue maladie. Cet homme de culture, père de quatre enfants, est reconnu par ses pairs comme l'une des plus belles plumes que la corporation ait connues. Le défunt a eu une longue carrière de journaliste, aussi fructueuse que mouvementée. Il l'avait entamée à la fin des années 1970 dans la rubrique culturelle du journal Algérie Actualité, dont il devint rédacteur en chef par la suite, et ce, sous les encouragements du regretté Kheireddine Ameyar. «Il a contribué à l'âge d'or de ce journal», se rappelle le journaliste Boukhalfa Amazit. «Il avait un talent remarquable et faisait partie de ceux qui ont donné ses belles lettres au journalisme, et ce, grâce à son travail très soigné», ajoute-t-il, citant les «mémorables» interviews faites par le défunt Djaâd et publiées en dernière page. «Nous avons travaillé ensemble au lancement du journal Algérie Actualité, de 1979 à 1981», se rappelle le journaliste Ali Bahmane, qui garde de lui un souvenir ému. «En plus d'être mon collègue, il a aussi été mon ami et voisin pendant de longues années. C'était un bon vivant qui croquait la vie à pleines dents», se souvient-il. «Abdelkrim était une plume superbe, un professionnel de talent et de grande culture», ajoute-t-il. M. Djaâd a été cofondateur, en 1993, de l'hebdomadaire Ruptures avec le regretté Tahar Djaout. «Il a pu montrer son talent dans ce duo extraordinaire formé avec Djaout.» Après l'assassinat de ce dernier et la fermeture de la revue, Abdelkrim Djaâd, menacé par le terrorisme, se réfugie en France, d'où il ne reviendra qu'au début des années 2000. Il fondera une agence de communication et tentera de faire revivre sa jeunesse en lançant Le Nouvel Algérie Actualité, en 2004. Il a ensuite été chroniqueur au quotidien L'Expression. Abdelkrim Djaâd est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, romans et pièces de théâtre, notamment Le Fourgon, publié en 2003, roman-hommage à son confrère Saïd Mekbel. «Il était ce type de journalistes qui emplissent une rédaction, qui prennent du volume dans un journal tant il était fier d'exercer ce métier», se remémore M. Amazit. «La presse et le monde de la culture perdent une grande plume, un polémiste et un grand homme de culture, ainsi qu'un homme humain, franc et rieur», rend hommage M. Bahmane.