A cculé par une forte mobilisation dans le Sud opposée à l'exploitation du gaz de schiste, le gouvernement sort de sa réserve. Le chef de l'Exécutif, Abdelmalek Sellal, invité à l'émission «Débat de l'heure» diffusée hier par l'ENTV, a tenté de rassurer les populations du Sud et les militants opposés au gaz non conventionnel : «Nous ne sommes pas dans la phase d'exploitation du gaz de schiste, ce n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement.» Il a également affirmé que son gouvernement n'a octroyé aucune licence d'exploitation. Admettant le manque d'explication en direction des citoyens, le Premier ministre a indiqué que le puits d'In Salah – à l'origine d'une large contestation – «n'est pas destiné à l'exploitation, mais seulement à l'expérimentation et l'étude. L'Etat s'est donné quatre ans avant de s'engager dans l'exploitation. Nous ne disposons pas de la technologie nécessaire permettant à Sonatrach d'exploiter cette énergie. Il faut qu'elle se donne le temps d'acquérir l'expérience». Il faudra attendre 2022 pour voir si l'Etat s'engage dans l'exploitation du gaz non conventionnel. Cette option n'est pas définitivement enterrée, selon les propos du Premier ministre : «Le gaz de schiste est une nécessité économique et nous en avons besoin. Toutes les études internationales montrent que l'Algérie recèle la seconde ou la troisième réserve mondiale en matière de gaz de schiste.» Réduire les importations Mettant en avant sa sensibilité pour le Sud et son attachement, Abdelmalek Sellal s'est montré aussi défenseur de l'écologie en déclarant que «la richesse la plus importante dans le Sud est bien l'eau et nous devons à l'avenir nous assurer que l'exploitation du schiste n'affectera pas la nappe phréatique». En tout état de cause, Sellal semble dire que l'exploitation du gaz de schiste est inévitable en raison de la chute permanente des cours du pétrole dont l'Algérie est fortement dépendante. Les conséquences de l'effondrement du prix de baril sur l'économie nationale commencent à se faire sentir. Dans son analyse, Sellal estime que cette situation est surtout le résultat d'une «guerre géostratégique liée à certains acteurs internationaux». Sur ce chapitre, le Premier ministre a essayé également de rassurer, mais sans trop convaincre. S'il admet que le pays est «en crise», Sellal préfère parler de «rationalisation» des dépenses mais pas de «politique d'austérité». «Notre politique consiste en la réduction de la facture des importations en réintroduisant la licence d'importation et en facilitant par ailleurs les conditions d'investissement privé et public créateur de richesse», explique-il. Le Premier ministre a pris l'engagement que son gouvernement ne touchera pas aux dépenses liées à la politique sociale. Les restrictions budgétaires concerneront essentiellement certains projets comme «le tramway, le rail et le recrutement dans certains branches de la Fonction publique. L'éducation, la santé, la construction de logements et les crédits alloués aux jeunes seront maintenus». affirme-t-il. Interrogé sur les mesures prises par son gouvernement et les moyens de financement du plan quinquennal 2014-2019, Abdelmalek Sellal est resté évasif, se contentant d'assurer que l'Exécutif s'engage à «prendre des mesures pour réduire les dépenses non prioritaires, lutter contre le gaspillage, la fraude et la fuite de capitaux». Vaste chantier que les différents gouvernements avaient promis de lancer, mais sans concrétisation. La politique dépensière n'a jamais été aussi assumée à grande échelle que ces dernières années.