Le principe de la médecine gratuite est-il remis en cause ? Le ministre des Finances, Mohamed Djellab, a annoncé qu'«à l'avenir, le citoyen paiera ce qu'il doit payer dans un hôpital public (en contrepartie de ses soins) ou bien son loyer pour le logement public». Une déclaration que de nombreux acteurs de la santé ignorent, voire même les membres de la commission santé au Conseil de la nation. Il en est de même pour le principal bailleur de fonds qu'est la Sécurité sociale. Y a-t-il une nouvelle clause introduite dans l'avant-projet de loi sanitaire, actuellement à l'étude au gouvernement, ou simplement des mesures drastiques qui seront prises par les différents ministères ? La question reste posée. Le chargé de la communication au ministère des Finances n'a pas de réponse et signale que «seul le ministre peut donner des explications, mais il est indisponible». Du côté du ministère de la Santé, il n'est pas question de faire payer le citoyen pour accéder aux soins. «La loi est claire là-dessus», confirme le directeur de la communication, Slim Belkessam, tout en refusant de commenter la déclaration du ministre des Finances. «Nous sommes au stade de l'examen de l'avant-projet de la nouvelle loi sanitaire au niveau du gouvernement. Cet avant-projet consacre la gratuité de l'accès aux soins», a-t-il affirmé, tout en signalant que la mise en œuvre de ce principe de la gratuité se traduira par des mécanismes innovants, basés notamment sur la contractualisation des relations entre établissements publics et privés et organismes de Sécurité sociale. Et de préciser que les démunis non assurés sociaux resteront à la charge de l'Etat. «L'option d'un accès universel aux soins est une option irréversible», a-t-il indiqué. Pour le président de la commission santé au Conseil de la nation, le docteur Chenni, la question est plutôt portée sur la rationalisation des dépenses de santé. «Le ministre a au contraire insisté sur la prise en charge des couches défavorisées qui seront toujours à la charge de l'Etat. Il s'agit juste de lancer la réflexion pour la mise en place des mécanismes et des instruments de normalisation», a-t-il tenu à minimiser. Il faut rappeler que l'accès aux soins et la prévention (vaccinations, campagnes de dépistage, etc.) sont aujourd'hui garantis par l'Etat pour les couches défavorisées, mais les assurés sociaux et les ayants droit ont accès aux soins grâce à leurs cotisations à la Sécurité sociale. C'est ainsi qu'un forfait hôpitaux est instauré par les organismes de Sécurité sociale, chaque année, qui avoisine cette année les 60 milliards de dinars. M. Djellab semble loin de la réalité puisque la part des ménages pour l'accès aux soins en Algérie est passée de 10 à 40% en une décennie. C'est-à-dire que le citoyen algérien paye déjà lui-même et plus cher ses soins, notamment dans le secteur privé. Comment va-t-il encore «payer ce qu'il doit payer dans un hôpital public» ?