Auteure de Allah est grand la République aussi (JC Lattès, 2014), Lydia Guirous, 29 ans, est fondatrice et présidente de l'association féministe Future, au Féminin et membre du parti politique français UDI (centre droit) en France - Sur les quartiers, vous avez un regard amer depuis Roubaix, parlant de gâchis en raison de la drogue, des trafics en tous genres et du radicalisme musulman. Ne dressez-vous pas un tableau trop cauchemardesque ? Absolument pas, la situation n'a cessé de s'aggraver et Roubaix est sans doute la ville la plus emblématique en la matière. Il faut arrêter de se mentir, de se cacher derrière son petit doigt ! Il y a des territoires totalement islamisés et laissés aux mains d'imams peu scrupuleux, haïssant la France, et appelant à rejeter son mode de vie. Il existe aujourd'hui des quartiers entièrement halal, il existe aussi des quartiers où l'on ne peut pas prendre un café sur la terrasse si l'on est une femme, où les jeunes filles sont souvent en burqa, alors que la loi l'interdit depuis 2010… Roubaix, comme une grande partie des villes de Seine-Saint-Denis ou comme les quartiers nord de Marseille, connaît la même évolution catastrophique. Quant à la drogue et aux trafics d'armes, cela fait bien longtemps qu'ils ont envahi les quartiers. L'argent des trafics finance souvent l'islamisme radical dans les quartiers. Les kalachnikovs n'arrivent pas dans les quartiers par la poste mais par le biais de ces voyous. C'est aussi parmi eux que l'on recrute les futurs terroristes. - Vous vous faites la défenseure de la laïcité et du droit des femmes, en parlant de fermeté nécessaire. Est-ce que cela ne risque pas d'accentuer les tensions ? Rappeler la laïcité, ce n'est pas accentuer les tensions, c'est simplement faire preuve de fermeté et de cohérence. Céder au fait religieux, c'est abandonner la laïcité, qui est un pilier de notre histoire républicaine. Il ne faut jamais céder à la peur et aux menaces et toujours garder ses principes, c'est la meilleure réponse à donner aux islamistes. Laisser une femme en burqa sur la voie publique, c'est renoncer à l'égalité homme-femme, c'est donc renoncer à la République. Autoriser les mères voilées à accompagner des enfants lors des sorties scolaires, c'est briser la neutralité religieuse à l'école, c'est briser la laïcité et affaiblir la République. Mettre en place des horaires spécifiques pour les femmes dans une piscine publique, c'est nier l'égalité homme-femme, donc la République. Fermer les yeux sur les mariages forcés, c'est nier les droits élémentaires des femmes, et nier les droits des femmes. - Votre discours contre les extrémismes religieux n'est-il pas en soi un autre extrémisme, de pureté laïque, reproche qui pourrait vous être fait ? Non absolument pas ! Je suis laïque parce que je suis républicaine. Cela ne m'empêche pas de garder ma foi que j'exprime uniquement dans le cadre de ma vie privée. Aujourd'hui, en France, les défenseurs de la laïcité sont montrés du doigt et sont accusés d'islamophobie ou de racisme… et les intégristes passent pour des victimes de la société ! On croit rêver ! Plusieurs raisons peuvent expliquer cette évolution : la couardise, une forme de culpabilité post-coloniale un peu feinte et une stratégie totalement erronée de cantonnement du FN. En voulant ne pas passer pour des racistes, les décideurs politiques et certains médiasont échoué et déroulé le tapis rouge au Front national. La laïcité est un principe de tolérance qui permet de vivre ensemble dans l'espace public en dehors des pratiques religieuses. Cela ne veut pas dire que la laïcité nie ou rejette les convictions religieuses, elle reconnaît à chacun sa liberté de culte, mais celui-ci doit s'exprimer dans la sphère privée ou dans les lieux de culte dédiés à cet effet. Si tel n'est pas le cas, la République se morcellera en communautés et s'autodétruira. Pour moi, la laïcité doit être plus strictement respectée à l'école, dans les services publics, et sur la voie publique. La neutralité doit être également étendue aux autres espaces que sont les entreprises et les universités. - Pourquoi réfutez-vous le terme d'islamophobie ? Parler d'islamophobie, c'est remettre le religieux au cœur du débat politique et public, et c'est déplacer la question du racisme vers le religieux. Pour moi, l'islamophobie est le cheval de Troie de l'islam radical et de tous ceux qui rêvent que la France devienne un pays communautariste. Ce terme a été introduit en France par les leaders d'associations proches des Frères musulmans, il porte beaucoup d'ambiguïtés. S'il existe en France du racisme comme dans tous les autres pays, c'est un fantasme de croire que les Français rejettent et stigmatisent en bloc la religion musulmane. La juxtaposition d'«islam» et de «phobie» est une manière de mettre fin à tout débat. Ils rêvent d'isoler les Français de confession musulmane de la communauté nationale, en les cantonnant à leur religion. Ce qui est triste, c'est que cela nivelle par le bas les Français d'origine maghrébine qui, au lieu d'être reconnus pour leurs compétences et leur utilité sociale, ne sont plus perçus qu'au travers de leur religion. Enfin, les tenants de l'«islamophobie», en prenant en otage les Français de confession musulmane, cherchent à mettre en place un rapport de force avec la République afin de lui faire renoncer à ses principes et valeurs, au premier rang desquelles la laïcité et l'égalité hommes-femmes. - N'avez-vous pas peur des menaces en vous lançant dans ce combat ? Non, je n'ai pas peur. J'ai en effet reçu de nombreuses menaces, notamment via les réseaux sociaux. Leurs insultes et menaces ne font que renforcer mon combat pour la laïcité, la liberté et les droits des femmes. Il faut d'urgence combattre et neutraliser l'islam radical et les imams radicaux qui lobotomisent des générations de jeunes écervelés. Continuer la loi du silence, c'est mettre au monde chaque jour de nouveaux Kouachi ou Coulibaly, et cela je le refuse. Leurs ennemis sont l'esprit et la raison qu'ils veulent tuer pour laisser place à l'obscurantisme. Je pense que vous comprenez plus que n'importe qui ceux que je combats, car l'Algérie s'est battue pendant une décennie, dans le sang et les larmes, contre ces fanatiques et elle continue encore aujourd'hui, d'ailleurs... Quand on se bat pour la liberté, on ne doit pas avoir peur.