Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, entend faire de 2015 l'année de la refonte du système de santé en Algérie. «Il est temps de se mettre au travail», s'est-il adressé à l'assistance, hier, lors de la rencontre nationale sur l'évaluation du bilan 2014 et la présentation du programme d'action pour l'année 2015. M. Boudiaf a estimé qu'il est temps d'ouvrir certains dossiers qui constituent aujourd'hui les priorités pour l'amélioration de la santé des Algériens. Parmi ces priorités figurent donc la prise en charge des urgences cardiovasculaires et la réanimation. Le ministre de la Santé déplore le manque de service dédié à la réanimation au niveau du territoire national. Pour lui, il est inadmissible que les Algériens continuent à vivre ce calvaire. Il a été donc décidé, suite au constat amer de voir que 60% des causes de mortalité sont dues à la pathologie cardiovasculaire, de mettre en place un programme national urgent et opérationnel intégré avant la fin du premier trimestre de cette année. Un plan couvrant toutes les régions du pays, dans le but d'identifier les ressources matérielles nécessaires ainsi que les ressources humaines qualifiées indispensables à la prise en charge des urgences de cardiologie. Une priorité qui rappelle automatiquement une seconde, la réanimation médicale, où des insuffisances sont relevées, a souligné le ministre de la Santé. Il signale qu'il y a seulement 200 lits à travers le territoire national, «ce qui représente un lit pour 170 000 habitants alors que les statistiques et ratios européens sont d'un lit pour 10 000 habitants». Et de déclarer : «Cette situation renseigne sur les souffrances et le désarroi des patients et des personnels de santé dans leur quête d'un lit de réanimation médicale, face notamment à l'augmentation des pathologies cardiaques, respiratoires et vasculaires cérébrales.» La greffe d'organes figure aussi parmi les premières priorités du ministre de la Santé. L'année 2015 sera celle de la greffe d'organes. «Nous avons les moyens humains et matériels pour assurer cela. La greffe doit être relancée et il n'y a pas de raison que cela ne puisse pas être réalisé», a-t-il encore révélé aux professionnels. Et d'ajouter : «Des instructions ont été données afin de prendre toutes les mesures réglementaires et organisationnelles pour la promotion du prélèvement d'organes et la greffe à partir de donneurs décédés dans la mesure où c'est le meilleur moyen de soulager les insuffisants rénaux chroniques. L'Agence nationale de greffe d'organes vient d'être relancée et une enveloppe de 4 milliards a été dégagée pour assurer le bon fonctionnement de son activité.» Concernant le dossier relatif aux médicaments et produits pharmaceutiques, M. Boudiaf se félicite de la stabilité du marché, cette année, et annonce que des décisions ont été prises par le gouvernement dans l'objectif de promouvoir la production nationale en orientant les investissements selon les besoins, en levant les obstacles administratifs et en élaborant une politique plus incitative en la matière. Le ministre de la Santé a ainsi insisté sur l'importance de l'élaboration de consensus thérapeutiques dans la prise en charge de certaines pathologies, notamment le cancer, «ce qui permettra d'assurer une meilleure rationalisation des dépenses». Sur ce chapitre, le premier responsable de la santé a plaidé pour l'implication de tous pour le renforcement des compétences à travers de la formation continue et une politique de prévention contre les maladies non transmissibles, pour une meilleure approche de prise en charge. La recherche n'est pas en reste ; M. Boudiaf a exhorté les professeurs et chefs de service des différentes spécialités à «créer des laboratoires de recherche». «Le ministère de la Santé est là pour vous soutenir et vous aider», a-t-il encouragé. L'adoption d'une carte sanitaire et la mise en place d'un programme spécifique pour le Sud figurent, entre autres, sur la feuille de route de M. Boudiaf, laquelle a déjà été entamée en 2013 avec 24 points liés à la gestion et à l'organisation des établissements de santé.