Un programme spécifique dédié au développement de la cardiologie sera mis en place à l'avenir, a annoncé samedi à Alger, le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, faisant état, dans ce cadre, de la prochaine création d'un institut du coeur. M. Ould Abbès, qui s'exprimait à l'ouverture d'une journée consacrée aux maladies cardiovasculaires, organisée à l'occasion du 50 ème anniversaire de la mise en service de la clinique de cardiologie du CHU Mustapha Pacha (Alger), a indiqué que le programme spécifique dédié au développement de la cardiologie fait suite à la mise en place du plan national intégré de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT). M. Ould Abbès a affirmé que le programme spécifique dédié au développement de la cardiologie s'appuiera sur la mise en place d'un réseau national intégré à même d'"assurer la prise en charge de l'urgence de cardiologie". "Des vies humaines pourraient être sauvées, de même que beaucoup de complications invalidantes à la prise en charge coûteuse, seront évitées", a observé M. Ould Abbès. Insistant sur la mobilisation des ressources nécessaires pour assurer la mise à niveau des plateaux techniques, les volets relatifs aux formations initiale et complémentaire ainsi que sur la révision de la réglementation pour imposer aux secteurs publics et privé l'obligation d'assurer les urgences en H24, le ministre de la santé a relevé l'importance de "garantir" l'équité et la sécurité à tous les patients à travers le territoire national. Pour le ministre de la santé, les objectifs escomptés à la faveur de la mise en place du futur plan de développement de cardiologie consistent à faire le lien avec le programme national de périnatalité et de néonatologie pour, a-t-il souligné, permettre le diagnostic "rapide" des cardiopathies congénitales. Ces objectifs ont également trait, a poursuivi l'orateur, à la mise en place des réseaux de prise en charge rapide de certaines cardiopathies éligibles à la cardiologie interventionnelle, outre le fait de "favoriser" la mise en place d'unités de recherche en cardiologie, notamment en génétique. M. Ould Abbès a souligné que la problématique du suivi et de la prévention des complications liées à l'insuffisance cardiaque est "une nécessité de santé publique", exhortant, dans la foulée, les professionnels concernés par ce programme à participer "activement" à la mise en place d'une politique basée sur la prévention sous ses 3 aspects (primaire, secondaire et tertiaire). Pour le ministre, le développement de la cardiologie est un sujet d'importance "primordiale" au regard, a-t-il expliqué, de la progression des maladies cardiovasculaires et de leur impact "considérable" sur le système de santé en termes de coûts, et de "défis" impartis pour en assurer l'équité au plan de l'accès aux soins. Le ministre de la santé a relevé que l'Algérie, à l'instar des pays développés, a amorcé sa transition démographique avec pour corollaire, a-t-il souligné, le vieillissement de la population se retrouvant de fait confronté au double "défi épidémiologique constitué par les MNT, dont les maladies cardiovasculaires. Cette situation, a -t-il précisé, impacte "fortement" sur l'économie nationale en termes de besoins sociaux, sanitaires et de développement. Oeuvrer à réduire la charge de morbidité de ces pathologies lourdes est certainement le garant de la prospérité de notre société et d'une meilleure productivité conformément aux objectifs globaux de développement", a estimé M.Ould Abbès. Le ministre de la santé a indiqué qu'en Algérie, les maladies cardio-vasculaires sont au 1er rang des causes de mortalité avec 44,5 %, suivi des cancers (16 %), des affections des voies respiratoires (7,6 %) et du diabète (7,4 %). Il a précisé que les MNT concernent 10% de la population générale et 51 % des personnes âgées de 60 ans et plus. Le ministre de la santé a, en outre, estimé que la mortalité liée aux MNT représenterait 58,6 % des causes de décès contre 22,7 % par maladies transmissibles et 10,6 % imputables aux "traumatismes" et morts "violentes" ou "accidentelles". S'agissant du futur institut du coeur, le ministre de la santé a indiqué que celui-ci aura pour missions la recherche scientifique ainsi que la formation des spécialistes en cardiologie. M. Ould Abbès a indiqué qu'en dépit des ressources humaines et des structures médicales de cardiologie dont dispose le secteur, des "insuffisances" sont toutefois perceptibles notamment, a-t-il précisé, en matière de cardiologie interventionnelle. Faisant état de l'existence de 20 unités spécialisées en cardiologie interventionnelle en Algérie, le ministre de la santé a fait remarquer que la moitié de ces unités sont implantées dans la capitale au moment où le sud du pays en est doté d'une seule (Ghardaïa). "Si le développement de la chirurgie cardiaque nous a permis de réduire le transfert pour soins à l'étranger de nos malades, nous sommes encore confrontés à la problématique de la prise en charge des cardiopathies congénitales", a souligné M.Ould Abbès, relevant que celles-ci sont à l'origine de "lourds handicaps et de beaucoup de décès". Le ministre de la santé a fait état, s'agissant des nouvelles infrastructures, de la programmation de 3 établissements spécialisés dont un établissement de chirurgie cardiaque pédiatrique à Draâ Ben Khedda (Tizi-Ouzou) vient d'être réalisé. "Cet établissement constituera, à l'avenir, un pôle de référence en matière de chirurgie cardiaque pédiatrique" a, par ailleurs, assuré M.Ould Abbès.D'autres chantiers sont ouverts pour la prise en charge des urgences de cardiologie et le développement de réseaux de cardiologie interventionnelle, a précisé le ministre, affirmant que ceci permettra de prévenir les "complications invalidantes et coûteuses".