Lors de la rencontre nationale d'évaluation de l'année 2014 et perspectives 2015, tenue hier à l'hôtel Mazafran, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a rappelé aux responsables du secteur, l'obligation de la poursuite de l'application effective et permanente des instructions données en 2014, plus particulièrement les 24 points de la feuille de route et les trois plans qui font partie des règles élémentaires de gestion des établissements de santé. Selon le ministre, l'année 2015 connaîtra une nouvelle dynamique nécessitant une mobilisation collective à l'effet d'effacer l'image négative dont a longtemps souffert le secteur. Selon lui, le programme d'action de l'année en cours englobe des domaines et dossiers prioritaires. Les pathologies cardiovasculaires prédominantes Boudiaf a souligné que les études menées par les experts indiquent que les pathologies cardiovasculaires représentent 60% des causes de mortalité. Le ministre a fait cas de la faiblesse des capacités des structures hospitalières en matière de prise en charge des patients au niveau des services de réanimation médicale. Il a avancé le nombre de 200 lits à travers le territoire national, soit un lit pour 170.000 habitants, alors que les statistiques européennes sont de un lit pour 10.000 habitants. Même les services et les unités de réanimation au niveau national sont dépassés. Selon le ministre, les structures existantes se concentrent dans 9 centres hospitalo-universitaires pour les adultes et 5 de réanimation médicale pédiatriques à Alger, Oran et Annaba. « Cette situation traduit la souffrance des patients et des personnels de la santé dans leur quête d'un lit de réanimation médicale, notamment face à l'augmentation des pathologies cardiaques, respiratoires et cardiovasculaires », a fait remarquer Boudiaf. Renforcer la formation Evoquant la greffe rénale, il a rappelé que 154 transplantations ont été pratiquées en 2012 contre 156 en 2013 au niveau de 9 centres hospitalo-universitaires, alors que le nombre de patients dialysés s'élève à 26.171. Dans le domaine de la formation, le premier responsable du secteur de la Santé a souligné que l'année 2015 verra la poursuite de la formation à travers l'élargissement de la formation liée au certificat d'études spécialisées (CES) destinée aux médecins généralistes, la formation de techniciens supérieurs en maintenance biomédicale dans le cadre d'un partenariat avec le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels, la formation en management hospitalier en faveur de 60 cadres universitaires du secteur ainsi que la formation de médecins généralistes à la prise en charge et au suivi de la pathologie du cancer. Quant à la prévention, elle portera, selon le ministre, sur la consolidation de la protection vaccinale de la population par le lancement d'opérations de sensibilisation, le développement et la promotion des programmes de lutte contre les addictions, dont le tabagisme, le renforcement du système national de surveillance et de déclaration de maladies à déclaration obligatoire. 80.000 cas de cancer recensés Concernant le cancer, le ministre a avancé le nombre de 80.000 cas recensés à l'échelle nationale. Raison pour laquelle, a-t-il annoncé, 2015 verra le début de la mise en œuvre effective du plan de lutte 2015-2019 qui englobe l'intensification de la formation continue au profit de tous les corps concernés, l'élaboration et l'application des premiers consensus thérapeutiques devant concerner toutes les formes et localisations du cancer et la promotion de la recherche. Pour ce qui est de la gouvernance financière et de maîtrise de gestion, le ministre a rassuré que les dépenses de santé continueront d'être gérées selon les anciennes méthodes sans l'adoption de mécanismes de contrôle garantissant des soins au meilleur coût. Par ailleurs, il est question de mettre en place un programme spécifique visant à améliorer les services de santé dans le Sud à travers la décentralisation de la gestion des établissements de santé, l'adoption d'une carte sanitaire adaptée aux spécificités des régions du Sud, l'intensification des opérations de jumelage avec les établissements hospitaliers du nord du pays, l'inscription d'une opération d'acquisition de cliniques mobiles au bénéfice des zones isolées et enclavées. Boudiaf s'est félicité des résultats enregistrés au cours de l'exercice 2014 en matière de formation et de valorisation des ressources humaines. Il a également rappelé qu'au cours de l'exercice précédent, de 15.000 ATS ont été formés au profit des structures de proximité, l'intégration de 6.500 agents travaillant dans le cadre du pré-emploi, ainsi que de 14.000 infirmières brevetées et de 23 000 agents contractuels et le lancement du CES au profit des médecins généralistes dans les spécialités fortement demandées. Accélérer la réception des structures Dans le domaine de la prévention, le ministre a rappelé que les programmes nationaux ont été actualisés et de même pour le calendrier vaccinal. Le ministre a fait savoir que des médecins généralistes ont été formés à la mise en œuvre des protocoles de chimiothérapie. De nouvelles unités de chimiothérapie au niveau de toutes les wilayas ont été ouvertes pour assurer la chimiothérapie de proximité et les projets de centres anti-cancer (CAC) qui étaient à l'arrêt depuis plusieurs années, comme ceux d'Annaba et Tizi Ouzou, ont été relancés. Selon le ministre, la réception des CAC de Sétif et de Batna, qui ont ouvert en juillet 2014, a permis d'améliorer l'offre en radiothérapie. De même pour les CAC de Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et Laghouat réhabilités en 2014 et qui seront ouverts cette année. Les CAC de Blida et Alger ainsi que le service de radiothérapie du CHU d'Oran qui ont été dotés de nouveaux accélérateurs. Durant l'exercice précédent, il a été procédé à la mise en place d'un registre électronique du cancer. En matière de disponibilité des produits pharmaceutiques, l'année 2014 s'est caractérisée par l'individualisation des crédits consacrés à l'achat des médicaments contre le cancer, la révision des conditions et modalités de délivrance des programmes d'importation de médicaments, la mise en place d'une nouvelle stratégie assurant la disponibilité permanente des vaccins et des sérums par l'Institut Pasteur d'Algérie.