La mobilisation citoyenne du Sud est en phase de gagner la bataille contre l'exploitation du gaz non conventionnel, du moins à moyen terme. Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé hier que l'exploitation du gaz de schiste en Algérie «n'est pas à l'ordre du jour». Pour le moment. A l'issue d'un Conseil des ministres restreint consacré au développement des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, Bouteflika a demandé au gouvernement d'expliquer à une opinion publique rétive que les forages-tests engagés à In Salah seront achevés «à très brève échéance» et de confirmer également que «l'exploitation proprement dite de cette énergie nouvelle (gaz de schiste) n'est pas encore à l'ordre du jour». Bouteflika a, par ailleurs, laissé entendre que son gouvernement n'abandonnera pas définitivement l'option du schiste. «Si l'exploitation de ces nouvelles ressources nationales en hydrocarbures s'avère une nécessité pour la sécurité énergétique du pays à moyen et long termes, le gouvernement devra, cependant, veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés, pour la protection de la santé de la population et la préservation de l'environnement», a assuré dans un communiqué repris par l'APS. Constatant les dommages causés par la défaillance dans la communication et surtout l'absence d'un débat national sérieux sur un dossier aussi sensible, le Président a chargé le gouvernement Sellal d'initier des «débats transparents, avec la participation de compétences reconnues, pour permettre à chacun de mieux comprendre les données relatives aux hydrocarbures non conventionnels qui sont une réalité et une richesse nouvelle de notre pays». Il est utile de rappeler que durant la large mobilisation dans les villes du Sud opposée au gaz de schiste, les populations exigeaient entre autres un «débat national pour sortir avec une position consensuelle». Autres revendications des régions du Sud, autour desquelles des milliers de chômeurs se sont mobilisés ces dernières années, celles liées au développement économique et du travail. Après des années de répression et de stigmatisation contre les leaders de la contestation, le gouvernement a finalement consenti à admettre l'urgence sociale dans cette région du pays. Et c'est à ce titre que, lors du Conseil des ministres restreint d'hier, Bouteflika a annoncé la création, durant le semestre en cours, de «nouvelles wilayas déléguées, aux moyens renforcés et aux compétences élargies à travers les wilayas du Sud, et ce processus sera élargi en 2016 à travers les Hauts-Plateaux». Ce processus «sera élargi en 2016 à travers les Hauts-Plateaux, de sorte à étaler l'effort financier requis, étant entendu que cette démarche se généralisera graduellement au reste du pays, en préparation à la création futures de wilayas nouvelles», a précisé encore le communiqué sanctionnant le Conseil des ministres restreint. Le président Bouteflika a ordonné au gouvernement d'«accompagner la mise en œuvre du nouveau programme quinquennal de développement d'une amélioration de la gouvernance locale, en priorité au niveau des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux». Le chef de l'Etat n'a pas manqué de souligner l'instabilité dans le voisinage et les risques qu'elle pourrait avoir sur l'Algérie : «En nous penchant spécifiquement aujourd'hui sur le développement dans les wilayas du Sud, nous tenons à souligner la mobilisation politique, sécuritaire et économique que l'Etat consacre à cette partie de notre patrie, dont le voisinage connaît malheureusement une instabilité dangereuse, y compris pour la sécurité de notre propre pays.»