La zone humide de la Macta qui couvre une superficie globale de 445 km² et s'étend d'Arzew (Oran) à Sig (Mascara) est menacée de destruction par l'exécution de pas moins de deux projets d'infrastructures ; à savoir le «port de la Macta» que la wilaya d'Oran prévoit de réaliser et la liaison ferroviaire entre Mostaganem et Marsat El Hadjadj (Oran) sur une longueur de 27 km. Des projets, dits de développement, susceptibles de porter atteinte à l'intégralité de l'écosystème de la zone humide qui se traduit par la destruction de la faune et la flore. En effet, classés, le 2 février 2001, sur la liste des zones humides à protéger par la Convention Ramsar à laquelle l'Algérie a adhérée en 1982, les marais de la Macta représentent, selon un rapport du bureau d'étude Mathe de Constantine, «un type de zone humide rare en Afrique du Nord en raison de la diversité des milieux qu'il renferme. Ce site est unique en Algérie de par la présence d'une diversité de groupements de salsolacées annuelles qu'il renferme et qui forment rarement de telles associations dans d'autres régions. On y retrouve une grande diversité biologique, à la fois faune et flore, en particulier en ce qui concerne la communauté d'oiseaux». Le même document, en ce qui concerne le projet du port de la Macta prévu dans le schéma directeur de l'aire métropolitaine (SDAAM) d'Oran, a alerté que «cet aménagement aura un impact direct sur les valeurs écologiques les plus importantes qui se concentrent à l'embouchure de la Macta où les plans d'eau sont permanents et les zones de marais plus importantes». Et d'ajouter «le projet interrompra également l'interface entre la zone humide et la mer Méditerranée modifiant ainsi les aspects fonctionnels de l'écosystème existant. La perte de connectivité entre les écosystèmes marins et ceux de la zone humide sera aggravée, empêchant la montée de migrateurs comme l'anguille et provoquant des déséquilibres importants dans les communautés végétales». En sus des menaces qu'elle encourt, d'autres contraintes sont, ajoute le même rapport, à l'origine de la dégradation des habitats de la zone humide de la Macta. Parmi elles, les rejets des eaux usées domestiques et industrielles qui coulent dans les oueds et qui sont véhiculées automatiquement vers la zone humide. Le cas de l'oued de Sig est considéré comme «la principale source de pollutions». Une révélation qui nous a été également confirmée par des sources de la Conservation des forêts de la wilaya de Mascara qui ont tenu à mettre en garde contre la multiplication des décharges sauvages qui présentent de sérieuses menaces à la conservation de la Macta. Dans le même contexte, le rapport du bureau d'études fait état de l'existence de nombreuses décharges illégales qui «constituent une pression directe sur la zone humide, notamment par la contamination des sols et de la nappe phréatique par les lixiviats». Dans un autre document, nous pouvons lire, «La zone humide est exposée à des menaces d'origine endogène (salinisation, érosion hydrique et l'érosion éolienne) ou encore à des perturbations exogène (pompage, pâturage et pollution)». Et d'ajouter que «la Macta regroupe un total de 25 décharges dont 8 sauvages et 7 autorisées mais non classées. Ces sites reçoivent tous types de déchets sans tri ou traitement préalables». Ce qui mérite d'être signalé est que la majeure partie de la zone humide de la Macta se situe sur le territoire de la wilaya de Mascara. Selon un document officiel, «92,90 % de la superficie des marais de la Macta est répartie sur sept communes de la wilaya de Mascara ; à savoir Alaïmia, Bouhenni, Mocta Douz, Mohammadia, Sig, Ras Aïn Amirouche et Sidi Abdelmoumène, 5,10 % est située sur le territoire de la wilaya d'Oran au niveau des communes de Marsat El-Hadjadj et Bethioua et 2 % seulement est localisée dans la région de Fornaka, à Mostaganem». Cette Zone humide est réputée, selon un document officiel, «pour l'avifaune (représenté par 33 espèces réparties sur 9 familles) qu'elle émigre, particulièrement durant la période hivernale. Un refuge parfait pour la nidification de nombreux sédentaires». Ainsi, elle regroupe une végétation diversifiée assez homogène et couvre un taux élevé de la superficie totale. «Les espèces faunistiques y trouvent un lieu de reproduction et de repos». Selon le wali de Mascara, Ouled Salah Zitouni, «au vu de son implantation géographique et l'importance de la richesse écologique qu'elle renferme en faune et en flore, la prise en charge de la zone humide de la Macta appelle une contribution solidaire des services techniques des trois wilayas (Mascara, Oran et Mostaganem) concernées par son étendue géographique pour sa protection de toute agression et sa préservation en permanence». À cet effet, un budget de 10 millions de dinars environ a été dégagé par la wilaya de Mascara pour la réalisation d'une étude relative à l'aménagement de cette zone. Contacté, samedi, par nos soins, un responsable de Mathe Constantine, bureau d'études techniques en charge de l'étude en collaboration avec un autre bureau d'études spécialisé portugais, Agri.Pro Ambiente en l'occurrence, nous a déclaré que «l'étude est en sa phase finale». Pour la direction de l'Environnement, «préserver et améliorer l'écosystème de la Macta est l'objectif principal de cette étude, première du genre dans la région».