Le conflit entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar continue de ravager le Soudan du Sud. A Addis-Abeba, les pourparlers de paix entre les deux parties ont repris jeudi dernier. A ce jour, aucune issue au conflit n'a été trouvée. La tenue du 24e Sommet de l'Union africaine (UA), vendredi et samedi, à Addis-Abeba, en Ethiopie, était une chance pour convaincre les deux belligérants d'arrêter la guerre déclenchée il y a 13 mois. Un sommet de l'organisation intergouvernementale est-africaine (IGAD), médiatrice lors des pourparlers sud-soudanais, prévu en marge d'un sommet de l'UA, est sans cesse reporté. Il porte sur un accord de partage des pouvoirs que les médiateurs tentent de faire accepter à Salva Kiir et Riek Machar. Le premier resterait à son poste, le second récupérerait la vice-présidence. Les pourparlers traînent depuis un an dans la capitale éthiopienne. Ainsi le plus jeune Etat du monde, dont l'indépendance a été proclamée en juillet 2011, sombre dans le chaos. Le 15 décembre 2013, une fusillade éclate au palais présidentiel à Juba. C'est la guerre civile. Le président Silva Kiir accuse son ex-vice-président, Riek Machar, qu'il a démis de ses fonctions en juillet 2013, d'être derrière cette tentative de coup d'Etat. Ce dernier dément et reproche au Président de vouloir confisquer le pouvoir. En septembre 2012, Juba et Khartoum signent un accord pétrolier. Un accord à l'avantage du Nord puisqu'il revoit à la hausse les droits de transit du pétrole du Sud sur le territoire de son voisin. Le président Silva Kiir veut se représenter aux élections de 2015. La rente pétrolière lui permet de mener la guerre à son rival et de se maintenir au pouvoir. Le Soudan du Sud compte 62 groupes ethniques. L'ethnie dominante est celle des Dinkas à laquelle appartient le président Siva Kiir. Elle représente environ 40% de la population du Sud. Suit celle des Nuers d'où est issu l'ancien vice-président Riek Machar. Les rivalités de ces particularismes datent de la période du colonialisme britannique. De leur côté, les pays membres de l'IGAD, à savoir, Djibouti, l'Ethiopie, le Kenya, l'Ouganda, la Somalie et le Soudan, sont divisés sur ce conflit. L'Ethiopie reste neutre et l'Ouganda soutient le président Kiir. Khartoum a demandé à Juba d'arrêter son soutien au Front révolutionnaire soudanais (FRS), une coalition de quatre mouvements rebelles qui veulent renverser le régime de Khartoum. Le 8 juin 2013, le président soudanais Omar El Béchir a ordonné l'arrêt du transit du pétrole du Soudan du Sud, accusant Juba d'apporter un soutien aux rebelles luttant contre les forces de Khartoum, en particulier dans les régions frontalières du Kordofan-Sud et du Nil bleu. Dissensions ethniques dans une région divisée Les dissensions entre ethnies ou tribus se ravivent au gré des circonstances. Khartoum les alimente pour laminer la rébellion du Sud. Dans certaines régions, les affrontements sont récurrents et meurtriers, comme dans l'Etat du Jonglei, situé dans l'est du pays, où un conflit entre Lou Nuers et Murles a fait plusieurs centaines de morts depuis deux ans, mais aussi nourri de haine remontant à la guerre civile. L'armée sud-soudanaise y combat depuis avril 2010 un groupe rebelle mené par David Yau d'ethnie murle, une communauté du Jonglei. Après un cessez-le-feu en 2011, ce dernier et ses miliciens ont repris les armes en avril 2012 contre Juba. En parallèle, les deux pays s'accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles actifs sur le territoire de l'autre. Les Etats-Unis et l'Europe se contentent de déclarations. La Chine est dans l'expectative, sa présence dans la région est motivée par des intérêts pétroliers tout en se conformant à sa règle de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays. Ceci dit, le Soudan s'achemine vers une situation de pays failli.