Des affrontements meurtriers entre militaires et rebelles ont fait 500 morts en deux jours au Soudan du Sud L'ONU a envoyé hier quatre hélicoptères pour évacuer son personnel d'une de ses bases du Soudan du Sud où deux Casques bleus indiens ont été tués dans une escalade de violence plaçant le pays «au bord du précipice». L'Ouganda voisin a envoyé des soldats à Juba à la demande du Soudan du Sud pour ramener la sécurité, a rapporté hier le quotidien gouvernemental ougandais New Vision, précisant qu'un premier détachement de forces spéciales ougandaises avait contribué à sécuriser l'aéroport et à évacuer des ressortissants ougandais. Le porte-parole de l'armée ougandaise, Paddy Ankunda, a confirmé l'envoi de troupes mais affirmé que leur mission se limitait à évacuer des Ougandais. Les ministres des Affaires étrangères de Djibouti, d'Ethiopie, du Kenya, d'Ouganda et du Soudan devaient mener hier à Juba des démarches de paix dans le cadre de l'Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad), une organisation sous-régionale. La délégation devait rencontrer le président Kiir et plusieurs personnalités politiques arrêtées en lien avec les violences, afin de «mettre en place une plate-forme de dialogue national», a expliqué hier le ministre ougandais des Affaires étrangères, Okello Oryem. A Washington, Barack Obama s'est fait l'écho des inquiétudes croissantes d'un glissement vers un conflit à grande échelle dans la jeune nation qui a proclamé son indépendance en juillet 2011 après des décennies de guerres civiles contre Khartoum ayant fait deux millions de morts. «Les récents combats menacent de faire plonger à nouveau le Soudan du Sud dans ses jours les plus noirs du passé», a averti le président des Etats-Unis, qui ont largement soutenu et financé la lutte sud-soudanaise pour l'indépendance. Les affrontements entre factions rivales de l'armée sud-soudanaise, qui ont fait près de 500 morts entre dimanche soir et tard mardi dans la capitale Juba, se sont désormais propagés à l'Etat instable du Jonglei, qui fourmille de groupes armés et où les tensions ethniques sont traditionnellement vives. Une base de l'ONU de cet Etat a été attaquée jeudi à Akobo par des assaillants non identifiés et au moins deux Casques bleus indiens ont été tués et un blessé, selon la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) révisant à la baisse un précédent bilan faisant état de trois soldats de l'ONU tués. Des jeunes d'ethnie Nuer, à laquelle appartient Riek Machar, rival politique du président Salva Kiir qui l'accuse d'avoir initié une tentative de coup d'Etat à l'origine des combats à Juba, avaient plus tôt tenter de pénétrer dans la base pour s'attaquer à des civils qui s'y étaient réfugiés, a expliqué la Mission onusienne. L'ONU a recensé 14 endroits du pays où ont été rapportés des combats, des troubles civils ou des tensions importantes. Les bases de l'ONU au Soudan du Sud hébergeaient hier plus de 34.000 personnes, dont 20.000 à Juba, malgré la fin des combats, et 14.000 à Bor, capitale du Jonglei, tombée jeudi aux mains de rebelles présentés par les autorités comme loyaux à Riek Machar. Environ 200 employés du secteur pétrolier ont également trouvé asile auprès de l'ONU à Bentiu, capitale de l'Etat d'Unité, dont un champ pétrolier a été attaqué, faisant cinq morts parmi les employés sud-soudanais. Aux graves dissensions politiques au sein du régime sud-soudanais issu de la rébellion sudiste, s'ajoutent des profonds ressentiments entre ethnies remontant aux années de guerre civile. La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a estimé «extrêmement élevé» le risque de conflit ethnique au Soudan du Sud et Human Rights Watch a accusé les belligérants d'avoir commis des meurtres sur des critères ethniques, à Juba et à Bor.