La prédominance du caractère public sur certains secteurs risque de basculer en faveur du privé national à la suite de la proposition du FCE de l'ouverture de ce secteur stratégique. Le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) fait de l'ouverture de certains secteurs à l'initiative privée nationale son cheval de bataille. Depuis quelques jours, cette option est mise en avant avec beaucoup d'insistance par le nouveau patron des patrons, lors des réunions initiées avec les ministres. Ali Haddad, qui a déjà évoqué l'ouverture du secteur bancaire au privé, lors de sa campagne pour la présidence du FCE, a demandé, ces jours-ci, coup sur coup, l'ouverture des transports maritime et aérien et de l'énergie, ainsi que tous les autres secteurs, à l'investissement privé. L'initiative semble très bien réussir au FCE, qui trouve une oreille attentive auprès des ministres, soudain très réceptifs, du moins dans le discours, à l'idée proposée par le FCE, alors qu'ils ne juraient, il n'y a pas si longtemps, que par la prédominance du caractère public sur certains secteurs. Lors de sa dernière entrevue avec le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, Ali Haddad a souligné «la nécessité de l'ouverture de tous les secteurs à l'initiative privée, y compris le secteur de l'énergie» ; il a également insisté sur «le besoin impérieux du soutien à l'investissement national». Ali Haddad veut ainsi faire sauter tous les verrous en s'attaquant au tabou absolu que représentait l'investissement du privé dans les secteurs-clés de l'économie. Il en va ainsi du secteur des transports aérien et maritime qui, selon Amar Ghoul, sera ouvert à l'initiative privée après quelques aménagements, et ce, en réponse à la demande officielle introduite dans ce sens par le FCE auprès du gouvernement. Une agence de régulation Contacté par El Watan à propos notamment du volet du transport aérien, le FCE souligne, dans une déclaration parvenue à la rédaction, qu'il œuvre pour convaincre le gouvernement de «libérer le transport aérien aux opérateurs nationaux». Il estime que «la liberté d'entreprendre doit concerner le transport de passagers au niveau national et international et le transport du fret aérien». Pour le FCE, «la fermeture actuelle bénéficie aux compagnies étrangères, que ce soit à travers le prix, le fret ou le nombre de passagers transportés». Ce qui nécessite de «hâter l'adoption des textes d'application prévus par l'article 39 de la loi de finances 2009 portant élargissement aux entreprises nationales résidentes du régime de l'admission temporaire et asseoir sur le long terme une politique de développement du secteur aérien par une réorganisation englobant l'administration actuelle». Dans ce cadre, le FCE préconise la création d'une «agence de régulation qui devra veiller notamment au bon fonctionnement des activités de contrôle anti-dumping et au respect des règles commerciales». Le Forum estime également nécessaire «le rétablissement de l'équilibre entre les compagnies algériennes et étrangères actuellement avantagées». L'organisation présidée par Ali Haddad demande, par ailleurs, de revoir les systèmes de formation dans le domaine du transport aérien et de renforcer les cursus existants. Pour le FCE, il faut élargir les systèmes de formation dans le domaine aérien au secteur public et privé et «ériger une académie de l'aviation civile pour former les générations futures dans le domaine de l'exploitation et des technologies». Le Forum juge, par ailleurs, qu'il est impératif de «privilégier, à compétence égale, les capacités nationales existantes» et estime nécessaire «l'harmonisation de la réglementation régissant actuellement l'acquisition des aéronefs, équipements et pièces de rechange». En réponse à l'offre du FCE, le ministre des Transports a assuré qu'«un dossier a été présenté par son département au gouvernement en vue de son examen». Pour Amar Ghoul, «l'accès au marché du transport aérien aux compagnies privées doit cependant être encadré, en tirant les enseignements des précédents dossiers», en allusion à l'affaire de la compagnie aérienne Khalifa Airways.