Les Algériens sont manifestement tombés sous le charme des plages et des complexes touristiques tunisiens. Des sources proches de l'ambassade de Tunisie à Alger nous ont appris que le nombre de touristes algériens qui préfèrent passer leurs vacances en Tunisie ne cesse d'augmenter, passant de 811 000 estivants en 2003 à 914 000 en 2004 et 930 000 en 2005. Cette année, le nombre de touristes algériens devrait pulvériser tous les records. Les responsables de l'ambassade de Tunisie à Alger tablent sur 1,1 million de vacanciers algériens en 2006. Déjà, nous explique-t-on, l'on a compté près de 250 000 visiteurs algériens à la fin avril 2006. Des milliers d'Algériens vont ainsi voir en Tunisie ce qu'aurait pu être leur pays. « Pourquoi je passe mes vacances en Tunisie ? Parce que je peux y aller par route, je n'ai pas besoin de visa. Je suis, en outre, sûr de passer de bonnes vacances avec un meilleur service qu'en Algérie. En plus, la sécurité est garantie », nous explique Samir, jeune père de famille. Et d'ajouter : « Avec 200 euros, je peux me permettre un hôtel 3 étoiles à Hammamet. En Algérie, je ne pourrai même pas m'offrir une kheima. » La régularité des Algériens Fait nouveau : de plus en plus de jeunes couples choisissent de passer leur voyage de noces en Tunisie. Faute d'argent et de visa, Nabeul, Hammamet et Sousse sont en passe de devenir les villes de prédilection des amoureux algériens. « La Tunisie reçoit chaque année près d'un million de touristes français, plus d'un million de touristes libyens, 600 000 allemands et 500 000 italiens. Mais la particularité avec les touristes algériens réside dans leur régularité », estime un responsable à l'ambassade de Tunisie. Les touristes algériens, réputés être assez dépensiers, participent surtout à faire tourner la machine touristique tunisienne. Si l'on supposait qu'un touriste algérien dépense au moins 200 euros lors de son séjour, la Tunisie remporterait, durant cette année 2006, plus de 200 millions d'euros. Le secteur du tourisme représente pour la Tunisie le premier pourvoyeur de devises avec des recettes de l'ordre de 1,8 milliard de dollars en 2004, et couvre 56% du déficit commercial de la Tunisie. Le secteur génère également plus de 350 000 emplois directs et indirects. La capacité hôtelière pour les dix dernières années, selon les statistiques officielles sur le secteur, a doublé, alors que le coût d'un lit a été multiplié par dix. intérêt pour le marché national Les chiffres communiqués par l'ambassade de Tunisie sont quelque peu nuancés par ceux du ministère algérien du Tourisme. D'après les statistiques du département de Nourredine Moussa, la Tunisie figure en pole position des destinations préférées des Algériens avec 708 575 touristes en 2005 (contre 930 000, selon l'ambassade). Au total, pas moins de 1 513 491 Algériens ont traversé les frontières en 2005, d'après le ministère du Tourisme. Les destinations les plus prisées sont la France (396 692), l'Espagne (80 499), la Turquie (40 714), la Libye (34 988 voyageurs) et l'Egypte (10 335 voyageurs). Par ailleurs, les relations économiques entre l'Algérie et la Tunisie se portent assez bien. Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont élevés à 320 millions de dollars en 2005 contre 170 millions de dollars en 2004. Les premières estimations de l'année 2006 laissent présager que les résultats seront encore meilleurs. L'on a ainsi enregistré durant les quatre premiers mois de l'année 2006 pas moins de 112 millions de dollars (contre 76 millions dollars en 2005). Autre chiffre démontrant l'intensité des relations commerciales entre les deux pays : 20% des produits vendus en Tunisie (hors hydrocarbures) sont d'origine algérienne. L'ambassadeur tunisien, M. El Khalil, avait affirmé dans une récente intervention médiatique que plus d'une soixantaine d'entreprises tunisiennes sont installées en Algérie, représentant un investissement de 20 millions de dollars, et 40 entreprises algériennes sont implantées en Tunisie. Les Tunisiens sont, aux dires de M. El Khalil, fortement intéressés par le marché algérien. Ils comptent ainsi construire des hôtels d'affaires en Algérie (pour peu, dixit M. El Khalil, qu'ils trouvent les terrains) ainsi que d'investir dans la zone touristique d'El Tarf. Les Tunisiens affirment vouloir faire profiter l'Algérie de leur expérience en tourisme…