Moins de 48 heures après la défaite (1-3) face à la Côte d'Ivoire, le sélectionneur national, Christian Gourcuff, a animé une conférence de presse, hier, au complexe Mohamed Boudiaf.L'occasion pour lui de dresser le bilan de la participation des Verts à la CAN-2015 en Guinée équatoriale. Le patron technique de la sélection a abordé plusieurs chapitres, s'est épanché sur beaucoup d'aspects techniques et a précisé ses futurs choix et orientations dans la perspective des échéances à venir. Vaste programme ! Des enseignements qu'il a tirés de la participation au rendez-vous continental, il y a au moins un cas qui prête à équivoque. C'est celui de Abdelmoumen Djabou. Pour rappel, ce dernier n'a pas été aligné une seule fois au cours des 4 rencontres que l'équipe nationale a disputées en Guinée équatoriale. Christian Gourcuff a justifié sa décision en précisant que «malgré ses qualités individuelles et morales, Djabou est loin des exigences du haut niveau».C'est son avis et il compte le plus, puisque le dernier mot en matière de choix des joueurs est une prérogative exclusive du sélectionneur. Cela ne signifie nullement qu'elle ne peut (sa décision) être discutée et encore moins remise en cause. Il aurait été intéressant que le coach égrène les noms des joueurs qui répondent aux canons des «exigences du haut niveau».Dans cette affaire, le sélectionneur a gratuitement taclé le joueur. Il n'a pas tenu les mêmes propos vis-à-vis des compagnons d'infortune de Djabou qui, comme lui, ont chauffé le banc tout au long du tournoi. Si le petit lutin est loin des exigences du haut niveau, pourquoi l'avoir retenu ? Il a fait toute la campagne des éliminatoires de la CAN-2015 (stages et matchs) sans avoir foulé la pelouse une seule fois. La logique, si on suit les propos du coach, aurait voulu que Djabou ne soit pas retenu dans la liste des 23 joueurs sélectionnés pour la CAN-2015. Il n'a pas joué et a trinqué plus que tous les autres. Etrange... mais pas surprenant. Abdelmoumen Djabou avait vécu la même situation avec l'ancien sélectionneur, Vahid Halilhodzic, qui avançait les mêmes arguments que ceux de Christian Gourcuff pour justifier le temps de jeu insignifiant que lui accordait le Bosnien. En trois ans de présence ininterrompue en sélection sous l'ère Vahid Halilhodzic, l'attaquant algérien a usé sa cuissette sur le banc des remplaçants alors qu'il aurait souhaité user ses crampons sur le gazon. Arrive la Coupe du monde 2014 au Brésil. Djabou est du voyage mais pas dans les petits carnets du Bosnien. «Il ne défend pas, ne participe pas aux tâches défensives de récupération du ballon, n'a pas de souffle, ne peut pas jouer plus de 10 minutes ...» et bien d'autres âneries que Djabou s'est chargé de contredire à la première occasion qui lui a été offerte en Coupe du monde 2014. Sa performance face à la Corée du Sud, victoire 4-2 des Verts, a été une cinglante gifle à tous ceux qui ont insulté son talent. Sa titularisation et celle de Yacine Brahimi ont permis de sauver les têtes pensantes, celles-là mêmes qui avaient condamné Djabou sans lui accorder une véritable chance de montrer ce dont il était capable. Qui peut valider la thèse que ce joueur n'a pas le niveau après ce qu'il a réalisé en Coupe du monde ? Il a été étincelant dans trois matchs en Coupe du monde et il ne peut pas l'être en Coupe d'Afrique ? Christian Gourcuff, ou tout autre coach, a le droit de prendre ou ne pas prendre un joueur. Les arbitrages, c'est toujours l'apanage de l'entraîneur, mais il faut arrêter d'enfoncer ce joueur avec des arguments qui ne résistent pas à la moindre analyse sérieuse.Djabou, ou tout autre joueur d'ailleurs, peut ne pas rentrer dans les plans et choix de Christian Gourcuff. Il ne faut plus le convoquer en sélection et faire l'économie d'une gymnastique qui n'a pas lieu d'être à partir du moment où le sélectionneur juge que Djabou n'est ni indispensable, ni un titulaire en puissance en équipe nationale. Le joueur serait le premier à «comprendre» les choix du coach à charge pour ce dernier de ne pas lui manquer de respect.