Au pouvoir depuis 1987, le président tunisien sortant, Zine El Abidine Ben Ali (68 ans), tentera lors des élections générales (présidentielle et législatives) du 24 octobre prochain de briguer un quatrième mandat de cinq ans. Une nouvelle candidature rendue possible par le référendum portant amendement constitutionnel tenu en mai 2002, et qui a recueilli plus de 99% de « Oui ». L'opposition tunisienne avait qualifié ce score de « soviétique ». N'entretenant aucune illusion sur la reconduction du Président sortant, l'opposition tunisienne, reconnue ou non, a appelé au boycott du prochain scrutin. Pour l'heure, trois chefs de partis politiques ont décidé d'« affronter » M. Benli Ali qui se présente au nom du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir). Il s'agit de Mohamed Bouchiha du Parti de l'unité populaire (PUP), de Mounir Béji du Parti social libéral (PSL) et de Mohamed Ali Halouani d'Ettajdid. Si les deux premiers ne sont pas connus pour faire de l'opposition à la politique du régime tunisien, le troisième a en revanche créé la surprise en se lançant dans la compétition. « Je me présente contre le candidat du parti au pouvoir et j'entends m'opposer à lui sans ambiguïté, et ce malgré l'absence de conditions pour une véritable compétition et des élections réellement démocratiques », a-t-il récemment indiqué, précisant ne se faire aucune « illusion » sur les résultats du scrutin. La loi électorale tunisienne représente une véritable passoire aux candidats à la présidentielle : ne sont autorisés à se présenter que les candidats issus de formations représentées au Parlement et, pour se présenter comme indépendant, il faut être parrainé par 30 députés ou 30 présidents de communes. C'est la quadrature du cercle, car la majorité absolue des députés et des présidents de communes appartiennent au RCD, contrôlé par le président Ben Ali. La législation tunisienne disqualifie ainsi de la course de nombreuses personnalités connues pour leur opposition au pouvoir tunisien. C'est le cas d'Ahmed Nadjib Chebbi du Parti démocratique progressiste (PDP), un parti exerçant pourtant dans la légalité. En procédant à la réforme constitutionnelle, le pouvoir tunisien a, selon lui, ouvert la voie à « une nouvelle présidence à vie », à l'exemple de celle de Habib Bourguiba écarté du pouvoir pour raison de sénilité. Devant ce qu'elle appelle « le coup de force électoral » qui se prépare, l'opposition tunisienne, reconnue ou non, a tenté en début d'année de se regrouper autour d'un seul candidat, celui d'Ettajdid en l'occurrence. Possédant cinq députés au Parlement, celui-ci est habilité à postuler à la présidence de la République. Même s'il affirme être le candidat des démocrates, M. Halouani a vu la coalition qui s'était dessinée autour de lui complètement pulvérisée. Certains lui ont reproché son manque d'« audace » à l'égard du président Ben Ali (lire l'entretien de Sihem Bensedrine). Ce qui le prive du soutien d'une partie importante de l'opposition. Tout comme le PDP, le Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT, non reconnu), dirigé par Hama Hammami, a appelé au boycott des élections générales du 24 octobre. Estimant « illégal » un nouveau mandat de Ben Ali, car « résultant d'une manipulation de la Constitution destinée à lui ouvrir la voie à une présidence à vie ». M. Hammami a également dénoncé la participation « du décor » des partis d'opposition parlementaire.