Quelques semaines à peine après avoir reçu ses premières livraisons de brut extra-léger algérien, le Venezuela décide de suspendre ses importations de Sahara blend. Si les raisons de la suspension n'ont pas été officiellement divulguées, l'agence de presse britannique Reuters évoque deux facteurs la justifiant, à savoir des problèmes d'ordre logistique, ainsi qu'un désaccord entre le groupe pétrolier vénézuelien PDVSA et la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach. La décision du Venezuela, l'été dernier, d'importer du pétrole algérien, devait constituer un nouveau débouché à l'exportation pour le brut produit par Sonatrach. En effet, PDVSA souhaitait utiliser le brut extra-léger algérien pour le mélanger au brut extra-lourd du bassin de l'Orénoque, qui constitue 40% de la production de pétrole vénézuelien, car le considérant moins coûteux que le naphta dont elle faisait usage jusqu'alors. En effet, si le Venezuela dispose des plus importantes réserves de pétrole prouvées au monde, soit quasiment 300 milliards de barils et 20% des réserves mondiales, il a été contraint, au cours de ces dernières années, d'importer une grande quantité de produits raffinés afin de les mélanger à sa production de brut. Cependant et avec la baisse des cours du brut, Caracas a préféré s'orienter vers le brut extra-léger, moins coûteux. C'est dans ce contexte qu'un contrat d'approvisionnement a été signé entre PDVSA et Sonatrach et que les premières cargaisons avaient quitté le port pétrolier de Béjaïa dès la mi-octobre. Le Venezuela a ainsi pu mélanger, jusqu'à aujourd'hui, 4 millions de tonnes de Sahara blend à son pétrole pour obtenir un brut commercialisable et exportable notamment vers les Etats-Unis, selon les données compilées par Reuters. Cependant, les problèmes de logistique ont vite fait de faire leur apparition. Pays membre de l'Opep et exportateur de pétrole, le Venezuela ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour réceptionner les livraisons de brut léger, et encore moins pour le stocker et le transporter vers les hubs de la ceinture de l'Orénoque. Un trader traitant avec le pétrolier vénézuelien a, d'ailleurs, confirmé que «PDVSA a informé ses partenaires et traders qu'elle suspendait ses achats de Sahara blend à la suite de problèmes logistiques». Reuters précise dans ce sens que la firme vénézuelienne a repris, au mois de janvier dernier, ses appels d'offres internationaux pour l'achat de naphta lourd à utiliser comme diluant. PDVSA a ainsi lancé un appel d'offres pour 3 millions de barils de naphta lourd pour réception de février à juillet, avec une option pour six cargaisons 500 000 barils supplémentaires en 2015. Des sources de l'agence de presse britannique évoquent d'un autre côté un désaccord sur les prix précisant, qu'au dernier trimestre 2014, les prix de vente officiels du Sahara brent auraient augmenté. Côté algérien, si l'on confirme l'arrêt des exportations vers le Venezuela, une source au ministère de l'Energie précise à Reuters que les ventes vers ce pays de l'Amérique latine devraient reprendre au courant de cette année ou au plus tard en 2016. Une hypothèse qui demeure plausible lorsque l'on sait que les achats de naphta lourd grèvent fortement la trésorerie de la PDVSA, principal pourvoyeur de revenus du Venezuela.La chute des cours du brut ne fait d'ailleurs que compliquer les choses pour le pays qui tire 96% de ses recettes de l'exportation du brut.