Le consensus autour de l'initiative du FFS peine à s'établir, après la volte-face de l'ex-parti unique, le refus courtois du RND. Manifestement, la conférence nationale du consensus du plus vieux parti de l'opposition est compromise. La rencontre d'hier entre les délégations du FFS et du RND, qui n'a pas abouti à un accord sur la participation du parti de Bensalah à la conférence nationale du consensus, le confirme. Les deux partis ont convenu de maintenir le contact pour «mûrir» la démarche et «clarifier» ses contours. Rejetée par l'opposition, l'initiative du ffs peine à convaincre S'il juge «louable l'initiative si elle vient en apport à la révision d'une constitution consensuelle», le RND estime par contre qu'elle est «floue et, de ce point de vue, gagnerait à être approfondie et clarifiée», a réagi Chihab Seddik du RND. Pour ce dernier, la démarche du vieux parti de l'opposition «vient se superposer à celle de la révision de la Constitution», qui est prioritaire pour le parti de Bensalah. Le député du RND, qui a pris part à la rencontre d'hier, pense pour sa part qu'«il ne suffit pas de deux ou trois rounds pour aplanir toutes les difficultés et dépasser les divergences tout comme il ne suffit pas de se retrouver tous à l'occasion d'une conférence pour décréter le consensus. L'initiative du FFS est louable si elle vient en appoint à la révision de la Constitution, que nous souhaitons large et consensuelle». En somme, le RND a laissé entendre qu'il ne participera pas à la conférence du FFS ; tout porte à croire qu'elle ne se tiendra pas les 23 et 24 février comme prévu. Néanmoins, le premier secrétaire du Front des forces socialistes, Mohamed Nebbou, ne désespère pas de voir aboutir la démarche de son parti : «Avec le RND qui nous a demandé plus de clarification sur notre initiative, nous avons eu un débat franc et nous avons convenu de maintenir le contact et attendre leur proposition après un débat au sein des instances de leur parti.» Quant à la date de la tenue de la conférence, Mohamed Nebbou estime que la démarche «doit être consensuelle, y compris sur la date de sa tenue». Ali Laskri, membre du présidium du FFS, a appelé, à partir d'Oran, toutes les parties à «faire des concessions pour le consensus national dans lequel chacun pourra défendre son programme et ses propositions». Un vœu qui, pour l'instant, ne rencontre pas d'écho favorable. Après le rejet catégorique des partis regroupés au sein de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) et du Pôle du changement, il ne restait pour le FFS qu'à convaincre les partis du pouvoir et ceux qui gravitent autour. L'accueil favorable réservé, au début, par les «partis-maison» à l'initiative du FFS a laissé croire, au sein de l'opinion et de la classe politique à un «pacte» entre le régime et le vieux parti de l'opposition, d'autant que ce dernier a péché par «naïveté» en croyant à la disposition des décideurs à négocier un changement de système de gouvernance. La CNLTD est allée jusqu'à accuser le FFS de s'être lancé dans une démarche qui «vise à parasiter le regroupement des partis de l'opposition». Le FFS s'isole Ainsi, le FFS a placé son «espoir» dans les partis qui évoluent dans le giron du pouvoir, qui étaient favorables avant de se rétracter un à un pour laisser le Front seul. Le revirement surprenant du parti de Saadani – «le parti le plus important en Algérie», comme le qualifie Mohand Amokrane Cherifi – a sans doute refroidi l'enthousiasme du FFS. En somme, le FFS, qui s'est attiré les foudres des partis de l'opposition et essuie le désaveu des partis du pouvoir, risque l'isolement. En cherchant vaille que vaille un consensus national à travers une démarche aussi vague, le FFS a réussi au final un large consensus contre lui.