Le parti majoritaire et le vieux parti d'opposition se concertent régulièrement pour accorder leurs violons L'initiative du FFS a isolé le projet de la Cnltd et éclipsé le projet cher au pouvoir, à savoir la révision de la Constitution. C'est Abderahmane Belayat, coordinateur du bureau politique du FLN et qui considère que Amar Saâdani est un indu-occupant du poste de secrétaire général du parti, qui le soupçonne: il y a un accord pour l'organisation des élections législatives anticipées entre le FLN et le FFS. Le FFS qui a été accusé d'avoir fait un deal avec une partie du pouvoir pour participer aux législatives de 2012 et intégrer le gouvernement peut-il aller jusqu'à combiner avec le FLN pour des législatives anticipées au moment où tous ses efforts sont concentrés sur l'organisation de la conférence nationale de consensus? Les observateurs les plus avertis doutent fortement d'une telle hypothèse. Si le FFS considère qu'une élection de l'envergure d'une présidentielle est un non-événement, comment pourra-t-il se permettre de viser des législatives anticipées? En tout cas, le plus vieux parti de l'opposition multiplie ses démarches pour l'organisation de la conférence de consensus national à laquelle pouvoir et opposition sont conviés. Il a réussi à fédérer autour de son projet tous les partis connus proches du pouvoir, isolant de fait et faisant éclipser la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd) dont la dernière revendication concerne l'organisation d'une présidentielle anticipée. Le parti d'Aït Ahmed a pu faire braquer les projecteurs sur lui et son initiative de consensus national, au moment où même le projet cher au pouvoir, à savoir la révision de la Constitution, semble avoir été bloqué. Certains acteurs politiques estiment que le report du projet de la révision du texte fondamental, pourtant promis pour avant fin 2014, est directement lié à la conférence de consensus national que prépare le FFS. Certains partis ont franchement affirmé leur adhésion au projet de ce dernier parti. Le FLN et le RND qui ont la majorité parlementaire ne s'opposent pas à la démarche. Il y a aussi le MPA de Amara Benyounès, le TAJ de Amar Ghoul, l'ANR de Belkacem Sahli et le PT de Louisa Hanoune sur lesquels le FFS peut compter pour réussir sa conférence. Amar Ghoul a annoncé le soutien de son parti à la démarche du FFS au détriment de celle du FLN qui veut former une alliance de soutien au président Bouteflika. Parmi tous les syndicats rencontrés par le FFS, dont la Centrale syndicale, l'Ugta de Abdelmadjid Sidi Saïd, dans le cadre des consultations bilatérales, aucun n'a exprimé son rejet de l'initiative. En revanche, toutes ces parties qui soutiennent le FFS ont rejeté en bloc le projet de la Cnltd qui, elle, a attaqué l'initiative du FFS, estimant qu'elle est inspirée par le pouvoir. En tout état de cause, les responsables du FFS poursuivent le travail de mobilisation autour de son projet. Avant-hier à Béjaïa où il a présidé la réunion du conseil fédéral de la wilaya, le premier secrétaire national du parti, Mohamed Nebbou, a affirmé que l'initiative de son parti est «positivement accueillie par les citoyens», évoquant des retours d'échos «favorables dans toutes les régions du pays». «Les échos sont favorables», a-t-il répété à plusieurs reprises, mettant en relief les sorties des cadres du parti dans une douzaine de wilayas, «toutes sanctionnées par des adhésions et des soutiens francs». «En tout cas, à ce stade de l'initiative, il n'y a à déplorer aucune opposition frontale», s'est-il réjoui, considérant que cet état de fait «pousse le FFS à continuer dans sa démarche, à persévérer et à réunir autour de lui le maximum d'acteurs et de citoyens, car l'enjeu en vaut la chandelle». Pour M.Nebbou, à ce stade des préambules, aucune évaluation n'en est faite, ni ne pourra être faite car elle n'interviendra qu'une fois la phase technique des rencontres entamées. «Nous nous inscrivons dans le temps et nous veillons à réunir toutes les conditions de succès», a-t-il ajouté, précisant que son parti est ouvert à la discussion et au débat, sans tabou, ni surenchère et sans exclusion de quiconque.