Un an après sa première participation à Fikra, M. Rebrab est revenu pour parler des actions et des résultats de son groupe. Issad Rebrab, PDG du groupe Cevital, a été hier l'un des speakers de Fikra Conférence qui a eu lieu à l'hôtel El Aurassi (Alger). Fikra est une plateforme de dimension internationale pensée comme un lieu d'inspiration et de créativité où se partagent l'envie de créer du commun et du progrès. Un an après sa première participation, il est revenu pour parler des actions et des résultats de son groupe. Il a aussi évoqué les questions économiques de l'heure à fort impact social. Il dira que «la règle des 51/49% concerne malheureusement aussi les nationaux, il faut libérer les initiatives et ne pas faire de différence entre entreprise privée et entreprise publique. Certaines entreprises privées contribuent au budget de l'Etat dix fois plus que certaines sociétés publiques». Et d'ajouter : «Nous avons un projet de pétrochimie pouvant créer 3000 PME/PMI qui a été bloqué. Si je suis associé, avec des lourdeurs administratives, à une société nationale, il est évident qu'on ne court pas de la même manière, d'autant plus qu'en tant que citoyen algérien, je n'aurai pas de bénéfices ou de dividendes à réexpatrier. Je milite aujourd'hui pour la libre entreprise.» M. Rebrab s'interroge : «Pourquoi n'associe-t-on pas les opérateurs économiques quand il y a une loi des finances ? Cela ne coûte rien de demander leur avis et l'Etat ferait ce qu'il veut ensuite.» Selon le PDG de Cevital, la vraie richesse d'un pays, c'est son savoir. Dans ce cadre, le groupe est confronté à de sérieux problèmes pour trouver certains talents, c'est pour cela que «nous avons décidé de créer notre université corporate pour former les talents : nous avons constaté que sur le terrain, quand un jeune est bien formé, encadré, payé correctement et respecté, il fait des merveilles, il n'a rien à envier aux talents mondiaux». Mais d'avertir quand même que «nous vivons la décennie de la dernière chance. J'espère que nous allons prendre le bon chemin. Mais cela dépendra de tous les Algériens pour changer les choses. Il est sûr qu'aujourd'hui, il va y avoir des projets éliminés ou retardés. D'après la presse et certains décideurs, nous risquons de retourner aux licences d'importation : je me souviens de la cessation de paiement de notre pays dans les années 1980-90, je ne souhaite pas que nous arrivions à ce niveau-là». Le n°1 du groupe Cevital assure néanmoins qu'il n'est pas trop tard pour se ressaisir ; tout est à faire en Algérie, cependant «il est certain qu'avant de se lancer dans un projet, il faut faire des études de marché, il y a des activités où il y a saturation. La réussite, c'est le travail, la persévérance mais aussi l'honnêteté. Il y a peut-être quelques-uns qui peuvent réussir en trichant mais c'est éphémère. Il faut encourager les jeunes et ne pas les diminuer, ni les blâmer en cas d'échec. On a besoin d'expériences». L'année dernière, il avait annoncé que le groupe était sur le point d'acquérir FagorBrandt : «Aujourd'hui c'est fait, ainsi que la société Oxxo, dont l'activité est la fabrication de fenêtres à double vitrage. On a préservé 290 emplois et nous allons créer en Algérie 3000 emplois.» Pour la société Brandt, 1200 emplois ont été préservés en France avec un centre de recherche et développement et une usine qui créera 7500 emplois sera construite en Algérie. «Nous avons bénéficié d'un savoir-faire, d'un réseau de distribution au niveau mondial et d'actifs importants. Comment avons-nous pu acquérir ces entreprises sans sortir un euro d'Algérie ? Il faut savoir que les entreprises en difficulté, notamment celles qui sont en redressement judiciaire, étaient en cessation de paiement. Leurs actifs sont proches de zéro. Elles étaient dans le coma. Une fois que nous leur donnons vie, les actifs sont proches de la valeur du marché. Et on n'a aucun problème à présenter aux banques un business plan. Avec le fleuron européen Brandt, nous avons bénéficié de 1300 brevets, de quatre marques de renom mondial. 90% de nos activités dans l'électroménager en Algérie seront destinés à l'exportation.» Selon M. Rebrab, 6% de croissance est à la portée de l'Algérie : «On peut rattraper notre retard à condition de libérer les initiatives et le foncier industriel.» Cevital emploie 17 000 collaborateurs et M. Rebrab n'entend pas en rester là. «Voir grand, commencer petit et aller vite», telle est sa philosophie. Son ambition : passer de 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2014 à 5 milliards en 2015.