Toutes les bâtisses inachevées d'ici août 2016 et non conformes aux normes urbanistiques seront détruites», selon le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune. Cette affirmation du premier responsable du secteur nous autorise un tant soit peu à émettre quelques réserves, sinon des doutes au regard du laxisme dont fait preuve l'Etat quant aux délais accordés, mais non respectés en matière de régularisation de constructions inachevées. Après avoir accordé en 2008 un délai aux propriétaires de finir les travaux de leurs bâtisses avant août 2012, l'ultimatum fut repoussé d'une année, puis de deux. Jusqu'à présent, la plupart des constructions et façades révèle un constat affligeant, voire un véritable foutoir dans le tissu urbanistique, donnant par endroits cette impression que le site a été la proie d'un «bombardement». Dans les lotissements périphériques gravitant autour de la capitale, un «beau» décor est planté avec ces carcasses carrées inachevées, dont les poteaux en érection couronnés de pneus font office de fétiche pour éloigner le mauvais œil. Le propriétaire du bien immeuble se presse à finaliser le niveau zéro pour capitaliser le lieu en local commercial plutôt qu'à s'employer à achever les travaux restants de sa «demeure» multi-étage – R+1, R+2, R+3 et plus –, qu'il renvoie aux calendes grecques. Il n'en a cure de l'esthétique de la façade de sa demeure qu'il nomme effrontément «villa», encore moins de la mise en conformité avec les règles urbanistiques établies. N'est-ce pas, soit dit en passant, que la notion de villa suppose un côté cour et un côté jardin ? Ce qui est loin d'être le cas, sommes-nous tenu de relever, a fortiori lorsqu'on voit des «beggarine», ces goinfres de mauvais goût cultiver à l'envi cette tendance gargantuesque à bétonner tout le lot acquis à usage d'habitation, refusant de consacrer le moindre empan pour en faire un espace vert. M. Tebboune n'est pas sans savoir que l'opération qui revêtira, désormais, le caractère coercitif n'est pas aisée. Il va falloir donc reprendre le taureau par les cornes et faire montre de toute la rigueur contre les réfractaires de la loi 08/15 relative aux règles de conformité de construction. Il décide encore une fois de rallonger les délais, non sans annoncer de manière péremptoire que «quelles que soient les conséquences, si leur situation n'est pas régularisée, l'Etat ne reviendra pas sur sa décision d'appliquer les sanctions contre les contrevenants, car cela relève de son autorité». En termes plus clairs, démolir tout ce qui est en porte-à-faux avec la réglementation en vigueur et amoche la cité. Cette fois-ci, l'opération sera-t-elle la bonne ? Wait and see.