Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a réussi à fuir la capitale Sanaa pour trouver refuge dans son fief d'Aden, tente de reprendre la main face à la milice chiite des Houthis qui l'a chassé du pouvoir. M. Hadi, dont la démission annoncée en janvier sous la pression des Houthis n'a jamais été entérinée par le Parlement, a présidé hier à Aden une réunion régionale au cours de laquelle il appelé à relancer la transition politique, selon son entourage. Il s'agit de sa première activité politique au lendemain de son arrivée à Aden, où il a aussitôt rejeté comme «nulles et non avenues (...) toutes les mesures» prises par les Houthis depuis la chute de Sanaa en septembre. Il a exhorté la communauté internationale à «rejeter le coup d'Etat» de ces miliciens. M. Hadi a réussi à s'échapper par une porte dérobée de la résidence où il était assigné depuis la prise du palais présidentiel par les Houthis, le 20 janvier. Il avait présenté sa démission deux jours plus tard, en même temps que son Premier ministre Khaled Bahah, une décision qui consacrait la prise de contrôle total des Houthis à Sanaa. Mais ce coup de force a été farouchement rejeté dans le centre, le sud et le sud-est du pays, où les tribus sunnites empêchent les miliciens chiites d'imposer leur autorité sur leurs régions. Les gouverneurs des provinces d'Aden, Lahj, Dhaleh, Abyane et Socatra ainsi que le commandant de la 4e Région militaire se sont réunis hier avec M. Hadi à Aden et réaffirmé «la nécessité d'appliquer les recommandations du dialogue national», a déclaré à la presse un membre du cabinet présidentiel. Ces recommandations, publiées en janvier 2014 après six mois de négociations, prévoient la transformation du Yémen en une fédération de six régions, une formule rejetée notamment par les Houthis. Ces derniers, partis de Saada, leur bastion du Nord, avaient alors déclenché une offensive fulgurante qui leur avait permis de prendre le contrôle de provinces du Nord, avant d'entrer le 21 septembre dans la capitale Sanaa. Des tribus de Marib, la province riche en pétrole, à l'est de Sanaa, ont exhorté M. Hadi à faire d'Aden la «capitale provisoire» du Yémen jusqu'à la libération de Sanaa. En réussissant à fuir Sanaa, M. Hadi oblige tout le monde à revoir ses calculs, l'ONU y compris.