Le rejet par les principaux partis politiques yéménites et les monarchies du Golfe du coup de force des Houthis devrait compliquer la crise qui accapare le Yémen. Les Houthis, ont mis en place vendredi un pouvoir de transition, dénoncé promptement comme un «coup d'Etat» par plusieurs parties. La tension reste vive dans le sud et le sud-est du Yémen où ce qui reste d'autorités locales annoncent «ne pas reconnaître» le pouvoir des Houthis refusant la «déclaration constitutionnelle», par laquelle ils ont consolidé leur emprise sur le pays. Ce rejet est partagé par les forces armées et de sécurité dans ces provinces (Aden, Abyane, Lahj, Chabwa, Dhaleh et Hadramaout) où se poursuivaient d'intenses tractations pour une sécession du sud du pays. Dans la province pétrolière de Maarib, à l'est de Sanaa, des chefs de puissantes tribus sunnites, farouchement opposées aux Houthis, et le commandement régional de l'armée et celui de la police, «se concertaient sur les moyens de faire face à toute éventualité». Cette mobilisation serait une réponse à des informations selon lesquelles les Houthis voudraient avancer dans Maarib «au nom de la lutte contre Al-Qaïda». Pour les spécialistes et observateurs la nouvelle donne devrait compliquer une crise déjà trop alambiquée. «Les Houthis ne peuvent pas gouverner à eux seuls le Yémen. Ils ne contrôlent que trois provinces du Nord : Sanaa, Amrane et Saada.» «Les autres provinces leur échappent. S'ils tentent de s'y imposer, ils provoqueront une guerre civile», opinent certains observateurs. Entrés dans la capitale Sanaa en septembre, les Houthis issus de la minorité zaïdite ont pris fin janvier le contrôle du palais présidentiel et d'autres institutions de l'Etat, poussant à la démission les chefs de l'Etat et du gouvernement, placés toujours en résidence surveillée. La dissolution du Parlement et l'installation de nouvelles instances dirigeantes, annoncées vendredi par les Houthis, ont été réprouvées par la plupart des partis politiques. Ce qui met les Houthis dans l'embarras. Isolés sur un plan local, les Houthis ont été violemment chargés par les monarchies du Golfe qui ont dénoncé leur «coup d'Etat» et menacé de «prendre les mesures pour défendre leurs intérêts» au Yémen. Pour l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis les Houthis sont clairement soupçonnés de bénéficier d'une aide de l'Iran pour des considérations ethniques. Washington, pour qui le Yémen est d'une importance stratégique a aussi désapprouvé le coup de force des Houthis et le Conseil de sécurité des Nations unies a brandi la menace de sanctions faute de dialogue politique. En visite à Ryadh, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a jugé que «le président Hadi doit être rétabli dans sa légitimité». Au Caire, le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a, sans surprise, dénoncé «un coup d'Etat qui accentuerait les divisions et la violence». M. B./Agences