Après l'accord conclu entre les miliciens chiites houthis et le président Abd Rabbo Mansour Hadi pour mettre fin à la crise qui secoue le Yémen, le président a finalement décidé de présenter sa démission. Alors que la situation sécuritaire de Marib est évoquée dans l'accord de sortie de crise, qui recommande de confier à une commission ministérielle l'évaluation de la situation à Marib pour permettre au président de prendre l'accord des mesures de nature à y faire baisser la tension, conclu mercredi soir par le président Abd Rabbo Mansour Hadi et les Houthis, deux hommes armés, appartenant à des tribus sunnites de la province yéménite de Marib dans l'est de Sanaa, ont été tués hier dans une embuscade tendue par des miliciens chiites. L'embuscade a eu lieu dans la zone de Nakil Al Watada, à la frontière entre les provinces de Sanaa et de Marib où six hommes des tribus ont également été blessés dans l'accrochage qui a suivi l'embuscade. Par ailleurs, selon l'accord établi, les miliciens chiites se sont engagés à se retirer du palais présidentiel pris d'assaut mardi dans le sud de Sanaa, ainsi que de «toutes les positions surplombant la résidence du président» dans l'ouest, a indiqué l'agence officielle Saba. Cependant, hier matin, la puissante milice chiite d'Ansar Allah au Yémen restait toujours présente à Sanaa, bien que l'accord de sortie de crise conclu mercredi soir prévoyait une application immédiate. Autre point de l'accord, les Houthis se sont engagés à libérer le directeur de cabinet du président, Ahmed Awad Ben Moubarak, l'un des architectes du projet de Constitution contesté, enlevé samedi. Ce dernier a finalement été autorisé à quitter la résidence du centre de Sanaa où il était bloqué depuis deux jours par des miliciens chiites. Il a pu se rendre vers une «destination sécurisée» après avoir négocié sa sortie, selon un porte-parole du gouvernement. Les rebelles houthistes, qui avaient encerclé la maison du Premier ministre, Khaled Bahah, après que son convoi eut essuyé des tirs de miliciens, étaient appelés à se retirer du secteur de la résidence du Premier ministre Khaled Bahah, dans le centre-ville. Foyer de tension En faisant monter la pression contre le président Hadi et son Premier ministre, les Houthistes exprimaient leur refus du projet de Constitution qui prévoit un Etat fédéral avec six régions, qui les priverait d'un très précieux accès à la mer. Appelés à tenir leurs engagements quant à l'accord signé, M. Hadi a, en contrepartie, fait d'importantes concessions. Certains experts s'accordent même à affirmer que le président a cédé «avec un pistolet sur la tempe». En effet, il sera désormais «possible d'amender» un projet de Constitution qui prévoyait jusqu'ici une structure fédérale avec six régions, rejetée par les Houthis. Par ailleurs, ces derniers, ainsi que le mouvement sudiste et les autres factions politiques «privées de représentation équitable dans les institutions de l'Etat, auront le droit d'être nommés dans ces institutions», ajoute le texte. Alliés de Sanaa, les Etats-Unis ont immédiatement réagi à l'accord passé, estimant que M. Hadi avait été contraint d'accepter «la plupart des revendications» des miliciens chiites. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a toutefois souligné que ces miliciens considéraient toujours M. Hadi comme le président du Yémen. Dans le Sud, les autorités provinciales ont annoncé la réouverture de l'aéroport international et du port d'Aden fermés la veille par solidarité avec le président. Alors que les magasins ont rouvert, une forte tension régnait dans plusieurs quartiers. Slogan Dans le Nord, des centaines de personnes ont manifesté devant l'université de Sanaa avec le slogan «Non aux coups d'Etat». Par ailleurs, un déploiement plus important des Houthis, à travers la capitale et autour du palais présidentiel, a aussi été remarqué. Les miliciens chiites restaient également très nombreux autour de la résidence du président. Suite à ce regain de violence, plusieurs ambassades occidentales, dont la représentation française, ont dû fermer leurs portes. Depuis sa résidence, le président Hadi tentait de contacter les autres forces politiques yéménites afin d'établir «une feuille de route pour mettre fin aux violences». Dans ce climat de crise générale, un autre foyer de tension pourrait provoquer une nouvelle flambée de violences.