Depuis sa création, le FMI a centré l'essentiel de ses interventions dans des actions qui relèvent plutôt de celles de la « Protection civile » dans le genre pompiers voire de la gendarmerie en surveillant tout spécialement l'évolution, même sur le terrain, des pays, combien nombreux, en butte à des crises de change. Le FMI doit compter aujourd'hui avec la mondialisation et les changements socioéconomiques positifs qui s'en sont dégagés : on assiste depuis quelque temps à des désendettements spectaculaires par anticipation (le Brésil avec 15,5 milliards de dollars, l'Argentine 9,6 milliards de dollars, l'Indonésie qui annonce 3,7 milliards de dollars, etc.). D'autant que l'on attend pour 2006 une croissance qui devrait avoisiner +5%. Il y a aussi cette réelle tendance qui a incité certains pays à rembourser leurs dettes bilatérales par anticipation, c'est le cas de l'Algérie qui, profitant de la sensible augmentation de ses revenus en devises, a le vent en poupe dans ce domaine. N'est-ce pas là une bonne occasion de donner raison au proverbe de Balzac selon lequel : « Qui perd (et non qui paye) ses dettes s'enrichit. » En nous débarrassant de nos dettes, nous supprimons les lourdes charges financières qui leur sont attachées et nous confortons conséquemment nos disponibilités.Selon Alain Faujas, du Monde, « l'encours des prêts aurait diminué de moitié en un an pour s'établir autour de 30 milliards de dollars octroyés à 73 pays, un montant qui correspond au dixième des prêts, d'une grande banque européenne ! » Dès lors qu'il n' y a plus de crises nécessitant l'intervention radicale du « pompier » FMI, il s'ensuit naturellement, en contrepartie, moins de prêts à consentir. Alors, quel devenir pour l'institution et fondamentalement, quel rôle aura-t-elle à jouer dans ce tournant nouveau de l'économie mondiale ? Au premier plan des préoccupations de l'heure, il y a d'abord la recherche de sa raison d'être. Une question déjà évoquée lors des assemblées du printemps : selon son actuel directeur général, il conviendrait de lui assigner une mission de « surveillance multilatérale sur les grands déséquilibres mondiaux ». On passerait alors des remontrances et des injonctions habituelles à l'adresse de certains « mauvais élèves », à propos de leurs déficits budgétaires, à des attentions visant par exemple l'extraordinaire déficit des paiements américains avec ses effets déstabilisateurs, principale cause de déséquilibre mondial, selon Joseph E. Stiglitz (prix Nobel d'économie 2001), provoqué par un déficit commercial de 805 milliards de dollars en 2005 ! Et, pourquoi pas le spectaculaire excédent chinois ? Le FMI, plus que jamais dominé par les USA, pourra-t-il infléchir la politique des grandes puissances ? Comment expliquer aux Américains qu'ils se doivent d'augmenter leurs impôts ou encore aux Chinois qu'ils réduisent l'accumulation sans cesse croissante de leurs réserves de change tout en encourageant la consommation intérieure et en laissant leur monnaie s'apprécier ? (A suivre)