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Les contrastes d'une société inégalitaire
Signes ostentatoires de richesse sur fond de pauvreté en Algérie
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2015

Au-delà des impressions subjectives et des observations extérieures, la pauvreté reste le phénomène le plus difficile à mesurer en Algérie, faute d'enquêtes et de statistiques récentes. Les dernières en date remontant aux années 1990 et celles menées sur le niveau de vie, l'évolution des salaires ou de la consommation des ménages ne permettent pas de cerner totalement le phénomène. Il faut dire que même les institutions comme la Banque mondiale (BM) ou le PNUD ont une approche de la question différente.
Benoît Martin, enseignant en sciences politiques, auteur d'une étude intitulée Quelles mesures pour quantifier la pauvreté ? (Centre d'études et de recherches internationales, 2012) observe que la BM privilégie le calcul d'«une pauvreté monétaire» axé sur «le niveau de revenu nécessaire pour assurer la survie des individus» et le définit à 1,25 dollar par jour.
Le PNUD, quant à lui, se concentre sur un concept de «pauvreté humaine» qui met davantage l'accent sur «la vulnérabilité et les privations», prenant en compte un indice de pauvreté multidimensionnelle (évolutions en matière d'éducation, de santé ou de niveau de vie).
Quelle que soit l'approche, la société algérienne présente tellement de contrastes qu'il est parfois difficile de dire qui est pauvre et qui ne l'est pas. Il n'est, en effet, pas rare de trouver des personnes habitant des bidonvilles roulant dans des véhicules haut de gamme, des cadres faisant leurs emplettes dans les friperies et des personnes loin d'être dans le besoin souscrire au couffin du Ramadhan.
L'amélioration de plusieurs indicateurs économiques depuis le début de la décennie 2000, le rattrapage des salaires et le budget social considérable de l'Etat (1200 milliards DA par an en transferts sociaux) laissent penser à une amélioration du niveau de vie des citoyens comparativement à la situation de crise des années 1990.
Indicateurs
L'évolution de l'indice de développement humain ou encore l'index Gini mesurant l'inégalité des revenus en sont quelques preuves. Ce dernier a été calculé par la BM à 35,33 sur 100 en 1995 (plus il se rapproche de 0, plus il atteste d'une tendance à l'égalité). En 2011, il était, selon l'ONS, de 30,55. Aujourd'hui, 70% des soins se font dans le secteur privé, alors que le coût de la visite médicale n'est que marginalement remboursé.
De plus en plus de parents scolarisent leurs enfants dans des écoles privées. 70% des ménages sont propriétaires de leur logement. Le taux d'équipement des ménages en véhicules est passé de 25 pour 1000 en 1996 à 66,7 pour 1000 en 2007 et avec 3,2 millions d'unités, un quart d'entre eux ont été acquis après la suppression du crédit à la consommation. Depuis 1997, le PIB par habitant a quintuplé pour se situer à plus de 5600 dollars en 2013.
Revers
Pourtant, la Ligue algérienne des droits de l'homme indiquait en octobre dernier que 23% des Algériens vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1,25 dollar par jour. Aucun chiffre ne mesure le nombre réel de pauvres en Algérie, mais certains indicateurs donnent quelques éléments de réponses (voire infographie).Le nombre de bénéficiaires de l'allocation forfaitaire de solidarité dans le cadre du filet social a augmenté de près d'un quart entre 1997 et 2013.
Le couffin du Ramadhan est distribué chaque année à plus d'un million de familles, et la présence de plus en plus sur le terrain d'associations distribuant des denrées alimentaires et d'autres biens aux plus défavorisés à travers le territoire a de quoi relativiser la notion d'amélioration du niveau de vie. L'exposition à la vulnérabilité n'est pas la même que l'on vive au nord ou au sud, en ville ou à la campagne, qu'on soit cadre ou ouvrier, issu d'une famille nombreuse ou pas. Un couple de cadres avec deux enfants ne ressentira forcément pas le même impact de la hausse des prix qu'une famille de 7 membres avec un seul membre occupé.
Limites
Car, s'il est un élément qui relativise la notion de hausse du niveau de vie, c'est la restriction du pouvoir d'achat par l'inflation et la dépréciation de la monnaie nationale. Certes, le SNMG a été multiplié par trois depuis 2000. Ces dernières années, la hausse des salaires a touché un grand nombre de travailleurs et les pensions de retraite ont à plusieurs reprises été revalorisées.
Mais entre 1990 et 2000 l'indice des prix à la consommation a été multiplié par 4,5 fois, et depuis 2000 il a évolué avec une moyenne annuelle supérieure à 3%. Ces hausses touchant quasiment tout les biens de consommation, et en premier lieu les biens alimentaires, le poste de dépense qui accapare le plus gros du budget des ménages (41,8%). C'est aussi un poste où l'indice des prix a augmenté significativement ces dernières années avec une hausse de plus de 6% en moyenne. La hausse concerne également l'éducation et l'habillement.
Or, selon une enquête de l'ONS, 90% des salariés touchent moins de 50 000 da. L'inflation progresse plus vite que les salaires et la dépréciation du dinar n'aide pas.
Depuis 2000, sa valeur a fondu de moitié par rapport à l'euro, la monnaie dans laquelle nous payons la majorité de nos importations. Il y a quelques années, une étude syndicale fixait à 33 000 DA le Salaire mensuel minimum pour vivre décemment. Pour beaucoup de gens, il devrait être d'au moins 50 000 DA aujourd'hui, soit plus d'une fois et demie le Salaire moyen global calculé par l'ONS.
Les politiques mises en place pour absorber le chômage (emplois d'attente, Ansej, micro-crédits) pour lutter contre la pauvreté ont permis de réduire l'extrême pauvreté, selon le PNUD, sans éradiquer le phénomène qui touche d'ailleurs même les pays riches (selon l'OCDE, les Etats-Unis comptent 24% de pauvres, 15% en Allemagne).
Depuis sa création en 2004, l'Agence nationale de gestion du micro crédit a par exemple permis la création de plus d'un million d'emplois, mais majoritairement précaires. L'accès aux soins, à l'éducation, à l'électricité, l'eau potable ou la possibilité d'acquérir des biens durables sont autant d'indicateurs sur l'amélioration du niveau de vie en Algérie à en juger par les critères de la Banque mondiale et du PNUD.
Cependant, cela cache difficilement la détérioration de ce niveau de vie pour d'autres catégories de la société. Mais en l'absence d'enquêtes sérieuses sur le phénomène et de données actualisées, les politiques visant à remédier au problème resteront aussi approximatives que vaines.


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