Le taux de chômage hyperélevé n'a pas été réduit. “En Algérie, les pauvres sont concentrés en milieu rural”, estime la Banque mondiale. 70% des pauvres vivent en milieu rural et plus de la moitié de la population rurale est pauvre, note cette institution. L'incidence de la pauvreté est liée au chômage. La forte croissance de la population active (3,4% au cours des années 1990 donnant lieu à une moyenne annuelle, estimée à 250 000 nouveaux entrants sur le marché de l'emploi), la suppression d'emplois dans les entreprises publiques et la lente croissance de l'emploi dans le secteur privé n'ont certainement pas contribué à réduire le taux de chômage. Le manque de revenu ne constitue qu'une dimension de la pauvreté et de la fragilisation sociale. Le manque d'opportunités et d'accès aux services sociaux contribue à aggraver la pauvreté et la vulnérabilité sociale. Les pauvres ruraux font toujours face à des problèmes d'accès aux services sociaux, particulièrement pour les services de santé et pour l'enseignement secondaire. “Atteindre le troisième Objectif de développement pour le millénaire (ODM) visant à augmenter de manière significative la part de l'emploi salarié des femmes dans le secteur hors agriculture est un défi majeur”, pense la Banque mondiale. L'insécurité et l'“agitation civile” contribuent aussi à la pauvreté et à la fragilisation sociale en restreignant la liberté de mouvement et en rendant plus difficile la prestation des services publics et sociaux. Les structures et les réseaux d'appui social sont affaiblis et les familles et les communautés sont fortement touchées sur les plans social, économique et psychologique. La Banque mondiale estime que l'impact social de la crise pétrolière de 1986 a été important. La baisse du taux de croissance de l'économie algérienne de 6% par an, entre 1970 et 1985, à 1,6% par an depuis 1986 — soit bien en dessous de la croissance démographique annuelle de 2,2% au cours de la même période — a eu pour conséquence d'accroître la vulnérabilité et la pauvreté. Selon les données de l'enquête sur les ménages de 1995, 14% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté. En 1988, ce taux n'était que de 8%. “Des estimations précises de la situation et de l'évolution de la pauvreté dans les récentes années ne sont pas disponibles”, fait remarquer la Banque mondiale. Dès lors, il n'est pas possible de connaître avec précision et certitude le niveau, la carte et la dynamique d'évolution de la pauvreté en Algérie. Une analyse en cours des tendances de la pauvreté, s'appuyant sur la récente enquête consacrée au budget des ménages en l'an 2000, permettra d'apporter des réponses plus rigoureuses à ces questions. Certaines sources estiment que sur une population de 30 millions d'habitants, l'Algérie compte près de 7 millions de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté et près de 14 millions plongées dans la précarité. La misère s'affiche partout et la mendicité est omniprésente. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pense que l'Algérie est parmi les pays dont l'amélioration des revenus par habitant est une priorité, renseignant, de ce fait, sur la situation alarmante des Algériens dans ce domaine. L'Algérie a été classée à la 107e place dans l'indice du développement humain, publié dans le rapport mondial du programme des Nations unies pour le développement. La Banque mondiale estime que Les pauvres du milieu urbain et rural ont certaines caractéristiques communes. Dans les deux cas, la taille moyenne du ménage est plus grande, la proportion d'enfants est plus importante et le ratio de personnes à charge est élevé. En milieu rural, les populations qui vivent dans des ménages dont le chef travaille dans le secteur agricole, soit en tant qu'agriculteur ou travailleur agricole, enregistrent des taux de pauvreté supérieurs à la moyenne. Quelque 25% seulement des pauvres ruraux possèdent des terres. Les propriétaires terriens pauvres ont de petites exploitations principalement non irriguées. La pauvreté est largement associée à un faible niveau d'éducation et de scolarisation. Les taux de scolarisation sont plus faibles parmi les pauvres, notamment dans l'enseignement secondaire en milieu rural et parmi les femmes. L'incidence de la pauvreté parmi les ménages dont le chef n'a pas été à l'école est nettement plus élevée. Les résultats scolaires ont tendance à être moindre pour les ménages ruraux, les pauvres et les femmes. Selon l'enquête sur les ménages de 1995, l'incidence de la pauvreté est la plus élevée parmi les analphabètes, en particulier pour les femmes et les pauvres ruraux. Le taux d'analphabétisme est le plus élevé pour les femmes rurales (46%), suivies par les femmes urbaines (29%), les hommes ruraux (22%) et, enfin, les hommes urbains (13%). Ces taux sont les plus élevés pour le décile le plus pauvre et ils diminuent lorsque les conditions de vie s'améliorent. M. R.