La mobilisation de la population d'In Salah est restée intacte hier.Dans un défi criant aux autorités qui misent sur l'essoufflement de cette contestation, imposant un stand-by qui s'étale dans la durée et à la veille des vacances scolaires de printemps. Le quotidien est fait de rassemblements à Sahat Somoud. Au lendemain de la rencontre avec les animateurs de la CTLD venus soutenir ce mouvement de contestation qui résiste héroïquement depuis plus de 9 semaines aux tentatives de fragilisation et d'intimidation y compris par la force publique, plusieurs marches ont sillonné la ville. Entonnant le chant antigaz de schiste «Samidoun, ghaz sakhri la nourid» sur le refrain du chant patriotique Mawtini, les manifestants ont organisé, hier, de nouvelles marches qui ont sillonné la ville dans la matinée et en fin d'après-midi. Manif non-stop Les femmes ont également pris part à ces manifestations en brandissant des pancartes et des banderoles reprenant les slogans phares d'In Salah : «Non au gaz de schiste», «Non à la fracturation hydraulique», «60 ans de misère pour affronter la mort». Les manifestants ont appelé les autorités à répondre à leur unique revendication, à savoir l'arrêt du projet gaz de schiste. Pendant ce temps, les examens trimestriels programmés lundi, mardi et mercredi ont été organisés hier à travers les établissements scolaires d'In Salah, notamment dans le palier moyen. «Une ambiance studieuse comparable à celle des examens officiels a été observée après quelques jours de révisions renforcées, supervisées par les enseignants la semaine dernière», nous confie un professeur de physique au CEM Dhfirat Mohamed du centre-ville. Selon notre interlocuteur, «hormis les jours de débrayage, les élèves ont pu bénéficier normalement des cours et rattraper les autres. Même le CEM Mohamed Ben Abdelkrim El Maghili, situé près de Sahat Somoud, a procédé aux examens. Les élèves y ont pu suivre les cours, mis à part dimanche dernier à cause des bombes lacrymogènes». Les trois lycées d'In Salah accusent par contre du retard qu'ils s'apprêtent à rattraper d'ici le 13 mars, date choisie pour tenir ces épreuves. Moment de gloire pour la CLTD La veille, Sahat Somoud a réservé un accueil triomphal aux membres de la CLTD venus d'Alger soutenir la résistance d'In Salah. Reçus à bras ouverts par les hommes et femmes s'opposant au gaz de schiste et après avoir chanté en chœur l'hymne national Qassaman, Djilali Soufiane et ses accompagnateurs n'avaient pu se rendre à In Salah qu'après moult négociations avec les gendarmes, qui les ont retenus pendant une bonne heure à 60 km de la ville. La gendarmerie a semble-t-il donné deux heures à la CLTD pour tenir son meeting populaire. Les animateurs ont été subjugués par l'accueil grandiose que leur ont réservé la population locale et les manifestants de Sahat Somoud. Après le départ des hôtes de la ville, les citoyens ont repris leur programme, concentré sur la place de la Résistance. Les animateurs et encadreurs du mouvement semblent avoir opéré un repli stratégique, préférant laisser libre cours à la volonté du peuple qui ne veut pas quitter Sahat Somoud malgré la demande expresse de l'armée. La place résiste et veut garder son statut de place publique où la volonté des habitants d'In Salah s'est exprimée comme un seul homme, pour la première fois, contre le projet de gaz de schiste, il y a 70 jours.