Lundi, l'université Chadli Bendjedid d'El Tarf s'est réveillée sous le choc. Dans la nuit, vers 2h, est décédé d'un malaise cardiaque, à 60 ans, l'un de ses piliers fondateurs, spécialiste en foresterie et en écologie, l'infatigable militant pour la protection de la nature, l'enseignant-chercheur Bouzid Chalabi. Il aurait fêté ses 60 ans le 29 mai prochain. Il est originaire de Skikda, où il a été inhumé le même jour au cimetière d'El Koubia, sous un ciel triste et en présence d'un foule composée de proches, de parents et d'amis, mais aussi d'universitaires venus d'El Tarf mais aussi de Annaba, de Guelma et aussi de Souk Ahras, à leur tête le recteur en personne Zoubir Bouzebda, également fondateur en 1992 de l'Institut agro-vétérinaire d'El Tarf devenu au fil des ans l'université d'El Tarf. Il a tenu à assister aux funérailles toutes affaires cessantes. Chalabi Bouzid a décroché son magister en foresterie en 1990 à l'Ecole nationale d'agronomie (INA), tout en y étant enseignant au département foresterie depuis 1988. Auparavant, il était ingénieur d'Etat à la conservation des forêts de Skikda, mais ce que peu de gens savent c'est qu'il a été le premier directeur du Parc national d'El Kala en juillet 1984. Chalabi Bouzid est devenu incontournable, lorsqu'on parle de la défense de la nature, des zones humides et plus particulièrement en ornithologie, où il excelle. Il est reconnu ici et ailleurs autour de la Méditerranée, comme l'un des meilleurs ornithologues de cette région du monde. On lui doit d'avoir, en 1988, avec son maître le Pr Mohamed Bellatrèche, signalé la présence de la Sitelle kabyle dans la forêt de Guerrouche (Jijel), alors qu'on la pensait cantonnée au sommet du Djebel Babor (Sétif). Chalabi Bouzid et son épouse Ghania, enseignants hors pairs, ont lancé et consolidé des filières en foresterie, en gestion des aires protégées, sur les écosystèmes aquatiques et la conservation de la biodiversité. Ils ont acquis la réputation d'être intraitables, ce qui est une qualité aujourd'hui rare à l'université. Bouzid qui se cachait derrière un caractère bourru était une idole pour ses étudiants, pour lesquels il ne lésinait pas sur les moyens, quitte à y mettre de sa poche sans compter. Comme pour les espèces en voie de disparition, la perte de Bouzid Chalabi est inestimable pour la protection de la nature dans notre pays.